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 Loin de mes terres (Couronne 4)

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Flormed
Apécien
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Flormed


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MessageSujet: Loin de mes terres (Couronne 4)   Loin de mes terres (Couronne 4) Icon_minitimeLun 22 Aoû 2011 - 17:57

Cette couronne est composée à partir d'un sonnet de
François Maynard
(1582-1646),

pris comme sonnet maître.


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Déserts


Déserts où j'ai vécu dans un calme si doux,
Pins qui d'un si beau vert couvrez mon ermitage,
La cour depuis un an me sépare de vous,
Mais elle ne saurait m'arrêter davantage.

La vertu la plus nette y fait des ennemis ;
Les palais y sont pleins d'orgueil et d'ignorance ;
Je suis las d'y souffrir, et honteux d'avoir mis
Dans ma tête chenue une vaine espérance.

Ridicule abusé, je cherche du soutien
Au pays de la fraude, où l'on ne trouve rien
Que des pièges dorés et des malheurs célèbres.

Je me veux dérober aux injures du sort ;
Et sous l'aimable horreur de vos belles ténèbres,
Donner toute mon âme aux pensers de la mort.


François MAYNARD

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1
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Appas hors pair

Déserts où j'ai vécu dans un calme si doux,
Vous êtes en mon cœur telle de la sculpture
Sur marbre que ne peut effacer le courroux
Du chergui ni l'aigreur de la blanche froidure.

Vous êtes vigoureux et le temps ne peut rien
Contre l'immensité de vos dunes vermeilles
Où chante le zéphyr l'hymne que tout terrien
Entend le soir dans l'oasis aux cent merveilles.

Terre de mes aëux ; loin de toi, je suis mort.
L'exil est un caveau.Que maudit soit le sort
Qui m'a jeté hors de mes lieux au frais ombrage.

O mon bled, j'ai mon lot ici mais tes appas
Ne peuvent s'égaler ; oh, ne m'en voulez pas,
Pins qui d'un si beau vert couvrez mon ermitage.



2
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Mutation

Pins qui d'un si beau vert couvrez mon ermitage,
Je vous ai, de mes mains, plantés, en souvenir
De vos pareils qui me servaient de frais bocage
Où, jadis, je courais à n'en guère finir.

Mais vous n'avez jamais pris, dans l'âme, la place
Que vos frères d'hier occupent à ce jour.
Ce sont eux qui m'ont vu pousser, diable vivace
Ne craignant rien, courant dans les bois alentour.

Vous avez fait ma joie et je dois reconnaître
Votre bonté qui n'a cessé de me remettre
Le cœur d'aplomb dès qu'il se sent sous les verrous.

Prisonnier en ce lieu peuplé de gens sordides,
Je n'ai que mon logis ; mais, oh les vils perfides ;
La cour depuis un an me sépare de vous.



3
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Torrents de vers

La cour depuis un an me sépare de vous,
Arbustes de mon clos que j'ai dû, de mes larmes
Arroser, pour lesquels j'ai dépensé mes sous,
Et que j'aimais, sincèrement, pour leurs charmes.

Le devoir avant tout, dit-on ! Pauvre employé !
Un baratin suffit pour t'envoyer en terre
Inconnue où, c'est sûr, tu dois finir noyé
Dans les ennuis, crevant tel un autour aptère.

On m'a donc éloigné de vous, mes chers amis,
Mes pins tant adorés, vous qui m'avez permis
De fredonner mes vers à votre doux ombrage.

Leur borgne loi m'a mis, souvent, boulets et fers
Pour endiguer le cours de mes torrents de vers,
Mais elle ne saurait m'arrêter davantage.




4
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Le bel or du silence

Mais elle ne saurait m'arrêter davantage
Leur loi, car j'ai nié le joug de leurs statuts
Figés dictant que c'est l'ancien qui déménage
Pour s'en aller former les futurs substituts.

Et va pour une vie autre que la normale
A laquelle on a dû s'habituer des ans
Durant ! A force d'être en autocar, ma malle
En a souffert ; la pauvre, elle perdit ses flancs !

Durs étaient les labours, mais tellement ingrate
Fut la moisson que la sueur était si mate
Et ses flots arrosaient vainement les semis.

Dans ce pays où meurt de froid la conscience,
Mieux vaut, dit-on, cueillir le bel or du silence.
La vertu la plus nette y fait des ennemis.



5
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On vend tout pour des murs

La vertu la plus nette y fait des ennemis ;
Dans ce coin surpeuplé d'humains voulant fortune
A tout prix, vivotant le front toujours soumis
Au claquement du fouet, sans prud'homie aucune.

On brocante l'honneur, on vend la dignité
On bazarde le sang pour la fausse phanie
D'un titre fugitif, on troque la fierté
Contre un mot sans éclats, essuyant l'avanie.

La honte de mille ans colle à la peau des gueux
Ayant voulu jouer aux arrivants fougueux
Que l'on voit à genoux pour mater l'indigence.

Ils ont bâti villas, chalets, vastes maisons ;
Mais voyez ce pays où flambent les saisons,
Les palais y sont pleins d'orgueil et d'ignorance.



6
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J'ai jeté la soie.

Les palais y sont pleins d'orgueil et d'ignorance ;
Dans ce patelin où d'anciens serfs enrichis
Aux dépens des valeurs ont bâti, pour l'aisance,
Leurs palaces marbrés , cernés de murs blanchis.

Fis de vassaux n'ayant jamais connu d'école
Que l'on voit, de nos jours, en tête des cossus,
Burnous noir et turban en guise d'auréole,
Comme s'ils n'avaient guère été des gueux ossus.

Quand je les vois marcher, tels paons faisant la roue,
Je revois leurs genoux enfoncés dans la boue
Des sillons peu féconds, et leurs yeux endormis.

Etre aveugle vaut mieux que de voir la racaille
Se carrer. Ai-je tort d'avoir jeté la faille ?
Je suis las d'y souffrir, et honteux d'avoir mis...



7
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Blanchi dans la fierté


Je suis las d'y souffrir, et honteux d'avoir mis
La bure en grosse laine ocrée et la coiffure
Des montagnards pour demeurer front insoumis
Et regard indompté ; mon âme restant pure.

J'ai préféré la bourse à sec au porte-feuile
Sans dignité ; voilà pourquoi je suis miteux
Pauvre comme Job mais jamais je ne m'endeuille
Et guère je ne m'en plains car j'ai l'esprit juteux.

Pour mon cœur de rimeur, les mots sont un trésor
Plus fabuleux qu'un mont de pied en faîte en or.
Au diable tout écu qui salit mon essence !

Aux enfers, les ventrus, je vous maudis, pourris !
Si j'ai blanchi pour rien, sachez que je nourris
Dans ma tête chenue une vaine espérance.



8
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Au secours, maître !


Dans ma tête chenue une vaine espérance
Continue à gronder afin de réclamer
A ma vieillesse un dû qu'avait promis l'enfance
Mais que mes os lassés ne peuvent assumer.

-«Trop tard !» dit une voix de la voûte lointaine
Du ciel où je perçois le timbre du faquir
Qui fut mon maître qui, pour m'arracher à la peine,
Me fit, de l'ascétisme, avaler l'élixir.

Non, mon guide ne peut dévier ma pensée
Mon âme, il le sait bien, en serait offensée.
D'où vient alors ce cri de fou qui ne vaut rien ?

Ce cri devient vexant ; j'appelle mon stylite
Car j'ai besoin d'ouïr sa parole bénite
Ridicule, abusé, je cherche du soutien.



9
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Conseil à prix d'or


Ridicule, abusé, je cherche du soutien
Auprès de celui qui traça pour moi la sente
Conduisant vers le ciel des vers ; homme de bien
Qui dut m'initier à la rime attirante.

-« Lève les yeux, dit-il ; pour chasser le démon
Qui te veut hors chemin. Arme-toi de ta plume,
Arrange bien tes mots comme dans un sermon
Afin que, de leur feu, tout noble cœur s'allume ! »

Cher maître respecté, je suivrai ton conseil ;
Mais comment arracher une place au soleil
Parmi ces gens tarés, à l'ignorance crasse ?

Tu disais que mieux vaut l'honneur d'un galérien
Qu'un laurier sur front noir ; mais l'éclat se pourchasse
Au pays de la fraude où l'on ne trouve rien.



10
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Aberrante ère


Au pays de la fraude où l'on ne trouve rien
Dont on peut être épris, la vie a le goût fade
Si fade que le temps paraît toujours de chien :
Ciel pleureur sous lequel foisonne la brimade

Et sol vaseux où ne fleurit que le buisson
De la haine dardant vers les cœurs ses épines
Vénéneuses. Où fuir ? Le vilain hérisson
Guette à chaque détour, en crachant ses toxines.

Les sentiers, couverts d'os, sont tels des serpents
S'étalant au soleil leurs centaines d'arpents
Balayés par des vents aux puanteurs funèbres.

Qui sait ouvrir les yeux en ce désert endroit
Revenu d'une époque anomale ne voit
Que des pièges dorés et des malheurs célèbres.



11
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Dessus-dessous

Que des pièges dorés et des malheurs célèbres
Je n'ai connu durant mon nauséabond séjour !
Oui, j'ai vu des pur-sang traités en sales zèbres
Et des onagres pris pour des chevaux de cour.

Monde à l'envers où le corbeau se met en cage
Pendant que le serin, à la fronde, est tiré.
O folie, est-ce toi qui mets à l'attelage
La gazelle élégante au pelage ciré ?

Bizarre ! La raison est sœur de la démence
En ces lieux renversés où sévit l'indécence ;
Où le crime a son podium et son record.

J'ai beau crier haro sur toute main salie
Par le sang innocent ; ma langue est démolie.
Je me veux dérober aux injures du sort.



12
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Pseudo-humains

Je me veux dérober aux injures du sort
En devenant muet face à la perfidie
Des voisins envieux me souhaitant la mort
Car haïssant extrêmement ma prosodie.

Mes vers - ô vérité, comme est amer ton goût ! -
Sont des canons braqués sur leurs viles poitrines
D'infâmes rejetons, de sales rats d'égout
Répandant à tout vent leurs phrases assassines.

Que n'ai-je pas vécu parmi ces rebutants
Phénomènes humains aux mots compromettants
A détraquer les nerfs, à briser les vertèbres.

Comme je vous maudis, leur dis-je souventefois ;
Je vous laisse croupir sous vos factices fois
Et sous l'aimable horreur de vos belles ténèbres.



13
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Aux bûchers

Et sous l'aimable horreur de vos belles ténèbres
Vous persistez à voir vos fronts ceints de lauriers.
Mon habile esprit peut comprendre mille algèbres
Mais guère ne saisit vos calculs orduriers.

La gloire est un éclat né d'un exploit utile
A l'autre. Vous n'avez, au fond de votre nuit,
Accompli que méfaits ; votre vie est futile,
Elle empeste le mal et tout acte qui nuit.

Pourrais-je un jour savoir dans quelle sale glaise
Fut modelé votre cerveau dont l'aphérèse
Même ne peut bloquer le méprisable effort.

Aux bûchers, aux enfers vous et vos manigances !
Je préfère être bon et, faute d'abondances,
Donner toute mon âme aux pensers de la mort.



14
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Prière de nuit


Donner toute mon âme aux pensers de la mort
Et mettre en vers ma vie et ses libres méandres,
Telle est ma mission et tel est le ressort
De mon esprit logé par les chants des calandres.

Ces oiseaux du terroir que j'ai dû délaisser,
Leurs gais cris matinaux hantent encor mes rêves ;
Je les ois turluter dans le ciel puis danser
Au sol quand je les vois sautiller sur les grèves.

Les reverrais-je un jour avant d'aller dormir
Sous terre, dans mon bled qui prendra son émir
Dans ses bras chaleureux pour la paix éternelle ?

Me voilà, nuit durant, à prier, à genoux,
Afin que, dans mes regs, s'éteigne ma prunelle ;
Déserts où j'ai vécu dans un calme si doux.



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Dernière édition par Flormed le Lun 13 Fév 2012 - 17:00, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Loin de mes terres (Couronne 4)   Loin de mes terres (Couronne 4) Icon_minitimeLun 22 Aoû 2011 - 19:15

Merci pour cette oeuvre superbe, très cher ami ! Toute mon amitié.
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MessageSujet: Re: Loin de mes terres (Couronne 4)   Loin de mes terres (Couronne 4) Icon_minitimeMer 24 Aoû 2011 - 0:18


Merci infiniment très cher ami.
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MessageSujet: Re: Loin de mes terres (Couronne 4)   Loin de mes terres (Couronne 4) Icon_minitimeMer 24 Aoû 2011 - 0:22



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MessageSujet: E-book   Loin de mes terres (Couronne 4) Icon_minitimeJeu 25 Aoû 2011 - 4:52

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