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 Couronne Terza Rima

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MessageSujet: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitimeVen 25 Mai 2012 - 23:20

L’image de la défunte

L’image de l’aïeule en toilette restreinte
Dans un beau cadre en bois régnait sur le buffet ;
C’était de mauvais goût, d‘une lugubre astreinte.

Quel était le souhait d’exposer à l’effet
La femme dont l’aurore avait fui les paupières,
L’armoire conservant le plus bel attifet ?

Nos yeux étaient fixés sur ces tristes lumières
Sinistres rappelant l’outil très acéré
Qui plane tel un aigle aux ailes régulières.

Détournant nos regards, la chair a respiré
Le parfum des vivants qui hantaient la demeure ;
Puis fuyant dans un pré chacun s‘est aéré.

Pourquoi se rappeler que demain sonne l’heure ?
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L’image de l’aïeule en toilette restreinte
Attirait les regards plus qu’un joli tableau ;
Et la pièce, d’ailleurs, par sa face était peinte.

Un peintre avait cru bon de livrer son pinceau
Aux bêtises d’enfants dont la mère était morte
Et qui voulaient la voir dans son dernier berceau !

Ainsi, pour quelques francs, un artiste colporte
Son art pour un repas en bradant son talent !
Pourquoi n’a-t-il pas peint le cercueil et l’escorte

Le cimetière en pleurs toujours si somnolent,
La fosse impatiente et le teint d’une cendre,
Et le mal emmené puissant et violent ?

Nous n’avons pas compris que quelqu’un puisse vendre
Une œuvre inconvenante, en être satisfait !
Le visage soigné paraissant nous comprendre

Dans un beau cadre en bois régnait sur le buffet
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Dans un beau cadre en bois régnait sur le buffet
L’existence flétrie et détruite par l’âge ;
L’indifférence était en face de ce fait.

Nous sommes de raison qu’il faut rendre un hommage
Pas seulement le jour suppléant la Toussaint
Mais cet encadrement créait plus d’un dommage

Les petits ignorant quel était le dessein
Des anciens qui formaient leurs âmes si sensibles
Croyaient bien plus au glas qu’au bienveillant tocsin.

Ce corps dans son linceul nous prenait comme cibles
Et nos yeux si vivants admettaient l’avenir
Car devant nous étions des êtres accessibles.

Dès lors, nous devenions un simple souvenir
À l’heure subissant cette grave contrainte
D’observer cette chair n’ayant plus à souffrir

C’était de mauvais goût, d’une lugubre astreinte
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C’était de mauvais goût, d’une lugubre astreinte
Dès lors que vous étiez invités au repas ;
De face ou dans le dos, vous sentiez une empreinte.

Afin de vénérer les plus beaux de ses pas
Les enfants auraient pu nous montrer sa jeunesse
Plutôt que d’exposer l’image du trépas.

Elle aimait tant les fleurs et les parfums d’ivresse
Qu’un bouquet pouvait vivre au milieu du salon !
Mais nous ne pouvions voir que des traits de vieillesse.

Le fils pouvait jouer Mozart au violon
Et la fille chanter quelques vers de Virgile !
Aimant l‘art, elle aurait adoré l‘oraison.

Le pire est quand l’abbé, venant à domicile,
A parlé, lors chacun s’est déclaré forfait
Car il ne discutait que de la chair fossile.

Quel était le souhait d’exposer à l’effet ?
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Quel était le souhait d’exposer à l’effet
Dans une pièce sombre où se morfond la lune
Un cadavre déjà jugé par le parfait ?

Mes amis avouant leur mauvaise fortune,
J’ai suivi leur chemin décoré de plaisir
Sans garder, un instant, en mon cœur la rancune.

De revoir la maison s’enfuyait le désir,
Nos esprits refusant de subir le voyage
Si heureux de pouvoir décider et choisir.

Sur la route, pourtant, face au fier paysage
Nous avons réfléchi comme des vieux le font
Pensant qu’il fallait prendre un grand soin de notre âge.

En nous imaginant déposés sur un fond
Livide, fait d’un drap et plus froid que les pierres
Nous avons tous revu dans un soupir profond

La femme dont l’aurore avait fui les paupières.
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La femme dont l’aurore avait fui les paupières
Semblait sereine, belle, admise en un confort
Ignoré des vivants et loin de leurs chaumières

Pourtant, nous étions prêts à produire tout effort
Pour ne pas exposer une pâle figure
Même s’il fallait croire et chercher du renfort.

Nous avions le tableau sans aucune envergure
De l’aïeule en mémoire et nous avons admis
Que réfléchir en sage est de très bon augure

Afin de ne pas être au rendez-vous promis,
Sans que ce soit le jour, quarante ans en avance ;
Cruel est le chagrin de perdre des amis.

Nous ne boirons jamais au ruisseau de jouvence
Et nos graines ne sont pas celles de Japhet
Dès lors, il ne faut pas que la mort nous devance

L’armoire conservant son plus bel attifet.
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L’armoire conservant son plus bel attifet
Souffrez que nous soyons encor là des années
Même si notre cœur peut paraître imparfait.

Si notre âme obéit à nos chairs qui sont nées
Le bon choix ne doit pas être ignoré de nous
Tout humain possédant diverses destinées.

Vous pouvez vivre droits, fragiles, à genoux
Il vous faut écouter que ce transmet votre âme
Sans vous tromper sinon surviennent les remous

Sur le visage mort de cette vieille femme
Nous avons vu des jours connaissant la douleur
En face des chemins proposés par la flamme

Que choisir ? Je ne sais, le noir ou la couleur !
L’aventure ou l’amour de nos mains familières !
Quelle est la route offrant le sens de la valeur ?

Nos yeux étaient fixés sur ces tristes lumières.
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Nos yeux étaient fixés sur ces tristes lumières
Car il n’est pas joyeux de devoir réfléchir
Afin d’éliminer de funestes barrières.

La chair est toujours prête à flancher, à fléchir;
Nous pouvons préférer le bon vin à la source,
De la fidélité souvent nous affranchir,

Et ne pas délier les cordons de la bourse
Le pauvre connaissant encor un jour de faim,
Ne viennent les regrets qu’à la fin de la course.

Dès que nous sentirons, de la mort, le parfum,
Et bien qu’un orateur en délire nous flatte,
Nous saurons qu’un bonheur se vit avant sa fin.

Quand ne coulera plus le liquide écarlate,
Malgré que l’on décrive un profil admiré,
Nos souvenirs seront un fruit qui se frelate,

Sinistres rappelant l’outil très acéré.
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Sinistres rappelant l’outil très acéré,
Nos poisons vicieux définiront tout acte
Qui nous fît observer tel un être éclairé.

Chacun peut une nuit manigancer un pacte
Avec le Diable ainsi devenir plus puissant
La pièce de nos jours se termine à l’entracte.

Et lorsque nous rendons le souffle puis le sang
La porte qui s’entrouvre est celle des ténèbres,
Avouer serait vain, nul n’est un innocent.

Des profils inconnus aux visages célèbres
Aucun ne peut nier sa culpabilité
Et prétendre à survivre aux musiques funèbres !

De la suprématie à la servilité
Aucune âme ne veut nous montrer les clairières
Si ce n’est en vivant sur la crédulité

Qui plane tel un aigle aux ailes régulières.
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Qui plane tel un aigle aux ailes régulières ?
La faux en décrivant un ultime soleil !
Ses façons d’appeler nous semblent cavalières.

Lorsque la mort arrive éteignant le réveil
Que peut-il advenir de notre corps sans vie ?
Une aventure neuve ou le profond sommeil !

Quand le corps est mangé, l’âme est-elle ravie
Auprès de l’Eternel ou revient-elle à l’eau
Attendant de renaître aussitôt par envie ?

Nous pensions à l’aïeule en ce triste tableau
Décorant le buffet dans cette maisonnette
Où personne, jamais, ne versait un sanglot.

Ainsi, cette défunte à la simple toilette
Serait-elle, à présent, dans un ciel épuré ?
Quand nous nous sommes vus perdre notre squelette

Détournant nos regards, la chair a respiré.
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Détournant nos regards, la chair a respiré ;
Aux jeunes de vingt ans, le vent est nécessaire
Diffusant un blanc-seing plaisant mais murmuré.

Et nous avons compris que le seul adversaire
Qui créait un obstacle au plus simple bonheur
Était notre bêtise à jouer au faussaire.

La franchise, toujours, nous offre une lueur
Permettant de nous voir dignement dans la glace
Sans souffrir de la gêne encor moins de la peur.

Ainsi l’honnêteté ne demande pas grâce ;
Nul ne peut l’emmener devant un échafaud
Et la parole vraie à jamais ne s’efface.

Dans notre inconscient où niche le gerfaut
Nous devions évincer ce partisan de l’heure
Violente et sentir, détestant ce défaut,

Le parfum des vivants qui hantaient la demeure.
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Le parfum des vivants qui hantaient la demeure,
Notre intime jardin où se sème l’amour
Lorsque, sincèrement, il délaisse le leurre.

A vingt ans, nous devions profiter du séjour
Sans aucun artifice et puis de sa magie
En sachant mélanger la nuit avec le jour.

Les deux sont le présent et toute nostalgie
Devait en la mémoire affronter un exil
Que nos forts souvenirs ne fassent pas d’orgie.

Nous pouvions en créer qui tiendraient sur un fil
Afin que le vécu soit dans les oubliettes
Dès que l’Esprit vivrait un instant plus subtil.

Si nous devions laisser nos mémoires muettes
Nous pouvions oublier tous les miséréré
Transformant les humains en pâles silhouettes.

Puis fuyant dans un pré chacun s’est aéré.
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Puis fuyant dans un pré chacun s’est aéré
En ayant dans l’esprit l’image de mamie
Sur le drap du repos qui n’est pas espéré.

Si nous voulions manger de notre pain la mie
La croûte passerait, elle aussi, par nos dents ;
Nous devions, du bonheur, faire l’économie

Mais si notre jeunesse aux gestes imprudents
Ne nous évitait pas l’action qui poignarde
Il fallait dans nos cœurs être moins trépidants.

Nous avons décidé de conserver la garde
Afin de protéger ce qui semble vital
La raison bien avant qu’elle soit trop blafarde

Nous n’avons jamais craint le mouvement frontal
Mais il faut l’éviter avant qu’il nous effleure
Car le conflit peut être, à tout moment, létal,

Pourquoi se rappeler que demain sonne l’heure ?
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Pourquoi se rappeler que demain sonne l’heure ?
Quand le moment viendra par surprise ou prévu
Nous saurons où trouver la dernière demeure.

Et depuis cet instant où nous avons tous vu
Le corps de la défunte en un beau cadre en chêne
Nous avons pris le temps face à tout imprévu

Ainsi, depuis ce jour, le présent nous enchaîne
Libérant le bonheur, nomade impatient,
Et si nous l’ignorons, l’angoisse est souveraine.

Si bat en la poitrine un cœur déficient
Il n’est pas un souci qui ne soit la contrainte ;
Dès lors, notre regard observe conscient

L’image de l’aïeule en toilette restreinte.



















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Marleen

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MessageSujet: Re: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 1:08

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Orbel Pour cette couronne de terza magnifique


Dernière édition par Marleen le Sam 26 Mai 2012 - 13:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 11:16

Une magnifique couronne, Orbel, qui commence comme un tableau de genre et se termine comme une méditation ... Superbe ! Toute mon amitié.
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MessageSujet: Re: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitimeSam 26 Mai 2012 - 19:16

:lol: :lol: Orbel merci du partage bises l'ami. :(((:


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je te souhaite une excellente journée,Invité !

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MessageSujet: Re: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitimeDim 27 Mai 2012 - 6:22

Merci, Marleen, d'avoir aimé.

Merci, Stellamaris, Tes compliments me touchent

Merci, Maria, ta lecture me fait toujours plaisir

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MessageSujet: Re: Couronne Terza Rima   Couronne Terza Rima Icon_minitime

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