1-la vie dès l’aube
Dès l’aube, l’air bourdonne en milliers de murmures.
Le blanc lilas répand son délicat bouquet.
Il accueille, en ses fleurs, l’abeille en un banquet
Arrosé de nectar, d’étamines bien mûres.
Sur le tronc d’un pommier, de larges déchirures
Laissent à nu sa chair. Sous les faisceaux coquets
D’ombrelles embrasant le rideau des bosquets,
Coulait un sang poisseux de ses égratignures.
Le merle noir troublait le babil d’un ruisseau ;
Explorant le limon, cherchant un vermisseau
Qu’il trouva, pour finir, sur l’herbe de la rive.
L’hortensia s’accroche au bas muret lépreux.
De l’ombre profitant de façon abusive,
Le jardin, engourdi, s’éveille langoureux
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2-le jardin de la maison
Le jardin, engourdi, s’éveille langoureux.
Le beau narcisse blanc, aux gouttes de rosée
Se mire avec orgueil, se voit dans un musée
Loué pour sa beauté, de lui même amoureux.
Un hérisson trottine allégrement, heureux ;
Il a fait un festin, bon jusqu’à la nausée.
La demoiselle bleue, un instant s’est posée
Revenant des roseaux, sur le sol poussiéreux
Le chien de la maison, assis devant la porte
Suit d’un regard distrait, une feuille, qu’emporte
Une grosse fourmi dans son petit nid creux.
Des ombres céladon, qui semblent irréelles,
Celles de papillons, caressent de leurs ailes
Les massifs florissants aux éclats chaleureux
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3-le chat perdu
Les massifs florissants, aux éclats chaleureux
Où de petits félins, se lovent en silence
Pour s’endormir béats dans la chaude opulence
D’une terre accueillante, en un beau rêve preux
Un chaton blanc et noir, prend un air malheureux !
L’insecte qu’il convoite en sa rare insolence
S’envole devant lui, puis avec négligence
Se pose un peu plus loin, là, sur le sol terreux!
Ce petit animal, s’arrête une seconde
Immobile statue en poil, sous la rotonde
Puis, vif comme l’éclair, décampe sans raison.
Il rencontre en chemin, lors de ses aventures,
L’ortie et le bleuet qui, poussant à foison,
S’étirent, ramassés, sous les vertes ramures.
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4-l’enfant et le renard
S’étirent, ramassés sous les vertes ramures,
Lierres et liserons serrés en un lacis
Intime de caïeux serpentant indécis
Végétaux vagabonds perdus dans les fumures.
Au pied d’un châtaignier, sous ses belles moirures,
Sur un tas de rondins, un gamin est assis.
Il jette des cailloux d’un geste très précis
Sur une tôle en fer, pleine de tavelures.
Tournant alors la tête, il sourit goguenard.
Une ombre se coulait, c’est un petit renard !
L’animal, d’un élan, s’enfuit vers les pâtures.
Puis en traînant les pieds, il reprend son chemin
Admirant, au détour, la beauté d’un jasmin.
Les fleurs ouvrent leur cœur, en chassent les lémures.
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5-l’heure des jeux d’enfant)
Les fleurs ouvrent leur cœur, en chassent les lémures
Ces spectres malfaisants, errants, cherchent l’oubli
D’un tragique trépas. L’écho de leurs murmures
Fait s’enfuir le passant, quand le jour s’affaiblit.
Au village voisin, perchés sur les toitures,
Roucoulent les pigeons , rite bien établi
Depuis l’avènement de l’homme et ses cultures.
Ils saluent le soleil, par un chant accompli.
Deux enfants , dans la cour, jouaient à la marelle
Parfois, d’un différend, naissait une querelle
Mais aussitôt après ils riaient bienheureux.
Au beffroi de l’église, une clepsydre sonne.
Un vagabond, surpris, presse le pas, frisonne
De cette nuit, fuyant sur des chemins pierreux
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6-vie et mort
De cette nuit, fuyant sur les chemins pierreux
La gent trotte-menu, s’éloignait , alarmée.
La chouette huait, dans les arbres, armée
De son instinct de survie, un instinct dangereux.
Un râle d’agonie, un aboi miséreux
Stoppe les fugitifs ! La hulotte affamée,
Se régale en son nid, de sa chasse animée
Une folle terreur trouble les plus peureux.
Le temps du repos vient, si lourd d’incertitude
Comme moité de mort, est fait d’inquiétude
Mais aussi créateur expert de songe-creux
Blotti dans un bosquet, une hase craintive
Se souvient cependant, de cette voix plaintive
Déchirant cette paix, silence en cris pleureux
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7-la petite fille et le ballon
Déchirant cette paix, silence, en cris pleureux
Une petite fille en pelisse à capuche
Se lamentait ! Adonc d’un geste théâtreux
Elle montrait du doigt un ballon de baudruche,
Léger farfadet bleu, échappé, c’est affreux,
De ses petites mains, ainsi qu’une perruche,
Qui part à tire d’aile en un lieu somptueux.
La fillette, le nez en l’air court et trébuche.
Vexée, elle devient rouge coquelicot
En se taisant ! Soudain, pleure à ce fiasco,
Se relève très vite, est pleine de souillures.
Étrangers à ce bruit stridulent les grillons
Et vers l’astre du jour volent les papillons
Puis aux rais du soleil, effacent leurs marbrures
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8-les nymphes
Puis aux rais du soleil, effacent leurs marbrures
Les nymphes des forêts près d’une chute d’eau
Peignant leurs longs cheveux devant un hirondeau
Admirant leur beauté, sur les hautes ramures.
Près d’elles, un lutin bondissait sans chaussures
Sur les nénuphars blancs, avec une grenouille,
Se conduisait vraiment en petite fripouille.
Dans l’onde, il cavalait, riant fort des mouillures.
Un bruit de cavalcade et voici les moutons !
Les brebis en dernier, devant leurs rejetons,
Un chien, suit le berger vêtu de houppelande.
Puis on entend sonner l’horloge du couvent.
Le calme est revenu. Les herbes sur la lande
S’agitent doucement sous le baiser du vent.
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9-les amoureux et le peintre
S’agitent doucement sous le baiser du vent
Les beaux pavots des champs, chatoyante palette
Frissonnant au soleil, délice de merlette
Furetant hardiment en ce tapis mouvant.
Un couple d’amoureux, assis sous un auvent
Riait en regardant les sauts d’une belette
Chassant un campagnol ; quelle jeune drôlette !
D’un bond le petit rat sema son poursuivant.
Sur une toile blanche, un peintre sur la sente
Esquissait à grands traits, d’une main hésitante,
La prairie et ses fleurs, se reculait souvent.
Avec un grand soupir, il observait son œuvre
Et retouchait parfois, lissant dans la manœuvre
Les calices moirés tournés vers le levant.
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10-les enfants du collège
Les calices moirés tournés vers le levant,
Les très grands tournesols suivent l’astre solaire.
Ils charmèrent Van Gogh ; leur beauté séculaire
Enflammera le peintre en l’inspirant souvent.
Le doux gémissement d’un vieux moulin à vent
Rythme le temps, lento, mais le temps s’accélère
Pour les grands et petits enfants, le car scolaire
Vient, tout brinquebalant, de stopper sous l’auvent.
Chahut, éclats de voix, dans la cour du collège
Les gosses turbulents cueillaient, oh sacrilège,
Sans aucune pudeur, les fruits d’un cerisier.
Plus loin, au potager, devant les faveroles
Le gardien, en bêchant, voit danser le brasier
Des roses rouge sang, telles des flammeroles
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11-vie citadine
Des roses rouge sang, telles des flammeroles,
Les pétales satin, paraissent se mouvoir
Et s’agitent, légers, animant leurs corolles
D’un frisson éthéré ; bientôt il va pleuvoir.
Sous le ciel orageux, claquent les banderoles
D’un grand supermarché. On peut apercevoir
Des articles divers, posés sur les gondoles.
Il y planait un air de « venez donc nous voir ! ».
Mais, petit à petit, s’est apaisé la nue.
Des tourbillons de vent balayaient l’avenue.
Le tonnerre plus loin, grondait, présent encor.
Des gouttelettes d’eau, s’écrasent sur la terre
Formant une vapeur, s’élevant d’un parterre.
La brume, à l’horizon, est lovée au décor.
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12-la chasse à courre
La brume, à l’horizon, est lovée au décor ;
Elle s’est alanguie au clocher du village,
Vaporeuse et soyeuse, en un blême voilage
Que perce le soleil, un astre exsangue encor.
Un bruit assourdissant ! Retentissent le cor,
Le galop des chevaux... Le cri des chiens de meute
Traquant un sanglier, dans la forêt, ameute
Les braves gens ! Certains disent leur désaccord.
L’hallali mettra fin au supplice de la bête ;
Une dague en plein cœur et son souffle s’arrête.
Son sang tache le sol, on a versé l’ichor.
Cesse le son des voix, sur les terres en friche
Que, bien qu’il ait sombré plus bas sur la corniche,
Ra, de ses chauds rayons paillette de points d’or
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13-une noce au village
Ra, de ses chauds rayons paillette de points d’or
Les longs cheveux châtains d’une très jeune femme
Mariée en l’hôtel de ville et qu’on acclame
Elle a dit oui, donnant, timide, son accord.
Les cloches du beffroi carillonnent encor
Adonc le nouveau couple, écrit l’épithalame.
Ses yeux noirs dans les siens, où brille une flamme
Elle a, son cœur, offert à cet bel homme accort.
Un cortège d’honneur se forme et chacun lance
Du riz sur les époux, fuyant la turbulence
Des enfants tout heureux et le bruit de leur chant.
Dispersés en tout sens comme des moucherolles
Les gamins s’exerçaient, au pirate, arrachant
Le feuillage, berceau de fragiles corolles.
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14-rêverie
Le feuillage, berceau de fragiles corolles
Parfois d’un brun foncé, fascine le flâneur
Aux pas nonchalants, savourant le bonheur
De pouvoir cheminer sur des herbes fofolles.
Dans l’air pur, on entend le vol des rousserolles,
Au dessus des champs blonds que suit le promeneur,
Un soupir ! Voyager ! Il serait bien preneur!
Il chasse de la main tous ces rêves frivoles.
Dans la nuit qui se meurt, le beau coquelicot
Dans sa robe carmin danse le flamenco
Tel un bel andalou, de lascives postures.
La lune, peu à peu, cède au soleil, le ciel
Et ce jour nouveau naît, sans cérémoniel ;
Dès l’aube, l’air bourdonne en milliers de murmures.
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Sonnet maître-murmures-
Dès l’aube l’air bourdonne en milliers de murmures.
Le jardin, engourdi ,s’éveille langoureux,
Les massifs florissants, aux éclats chaleureux,
S’étirent, ramassés, sous les vertes ramures.
Les fleurs ouvrent leur cœur, en chassent les lémures
De cette nuit fuyant sur des chemins pierreux,
Déchirant cette paix, silence en cris pleureux.
Puis aux rais du soleil effacent leurs marbrures.
S’agitent doucement sous le baiser du vent
Les calices moirés , tournés vers le levant,
Des roses rouge sang, telles des flammeroles.
La brume, à l’horizon est lovée au décor,
Ra, de ses chauds rayons paillette de points d’or
Le feuillage , berceau de fragiles corolles