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Sonnet seizain
Une chose flagrante et la réalité !
Cela donne, en amour, une banalité,
Le rituel atroce et la morne habitude ;
Et tout cela motive une imbécillité
Qui ne fait pas changer le cœur de certitude.
Et ce cœur, endormi par l’amabilité
Du rêve de bonheur, dans sa béatitude
Ne connaît plus, dès lors, que la docilité
Des mêmes mouvements et vient la solitude.
J’ai connu tout cela, cette commodité
À croire que l’on vit dans la complicité
Quand il ne s’agit plus que d’une lassitude.
Et je me suis pendu car cette servitude
Déplaisait à ma femme, elle qui m’a quitté
Afin de retrouver un peu de quiétude
Une chose flagrante et la réalité.
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Sonnet élisabéthain
Mais le héros n’est pas cet homme qui refuse
Le renouveau des jours quand son matin pâlit !
Moi qui me suis pendu lors d’une aube confuse
Je vois mon corps altier enchaîné sur un lit.
Ne me pardonnez pas, il n’est aucune une excuse
Pour un homme qui fuit et commet un délit ;
Mon âme, pour la mort, fut ainsi qu’une intruse
Et ne peut savourer qu’un infect pissenlit.
Je pourrais revenir et montrer mon courage
À surmonter l’épreuve et mon geste instinctif
Mais n’étant pas cruel, encore moins un sage,
Je reste sous mes draps le fou, le fugitif.
J’ai choisi le chemin où plus une promesse
Ne promet le bonheur en offrant la détresse.
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Sonnet à écho
On parle de courage et d’intrépidité
Lors de l’affrontement de la mort et de l’être
Mais ma guerre ne fut qu’une marge à la lettre,
Un livre vite écrit et sans limpidité.
Quelques mots échangés dans la stupidité
D’un départ décidé par un amour, le maître
Face aux cris, face aux pleurs lorsque l’on voit paraître
Un livre vite écrit et sans limpidité.
Vous vous retrouvez seul devant l’absurdité
D’un soleil sans chaleur, qui ne saurait renaître
Si vous n’effacez pas, des souvenirs, le traître
Un livre vite écrit et sans limpidité.
On parle de courage et d’intrépidité !
Un livre vite écrit et sans limpidité.
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Sonnet à codas
Un livre vite écrit et sans limpidité ;
Ainsi furent mes jours et souvent d’arrogance !
Je n’ai plus l’élégance
D’un cœur qui s’aventure avec habileté
Près d’un autre voulant loin de la manigance
Quelques mots d’innocence
J’ai manqué de droiture et d’authenticité
Croyant que le bonheur était en abondance
Quand il n’est qu’une chance !
Et je suis le perdant, le fils déshérité
De l’amour ne donnant aucune confiance
À l’être sans constance.
Le geste malheureux m’oblige à des aveux
Qui ne sont faits qu’à moi vivant dans le silence !
Pourtant, j’aimerais dire enfin ce que je veux,
Rien qu’une confidence.
Mais qui pourrait ouïr la voix des profondeurs
Qui se meut dans l’espace où germe la souffrance ?
Nul et sûrement pas les tristes spectateurs
Constatant mon errance.
Sonnet Orbélien
Les tristes spectateurs constatant mon errance
Ne voient dans mon présent plus un seul mouvement !
Pourtant, bouge ma main cherchant le châtiment
Car mon amour n’était jamais que d’apparence.
Une corde, une poutre et j’embrasse la mort.
Et si j’ai mérité, ce jour, la pénitence
La valeur était-elle en ce beau firmament
Dont nous avons rêvé mais qui, nous endormant,
A brisé l’idéal et notre résistance .
Un ami vient, me sauve en conjurant le sort.
Maintenant que je suis dans cette chambre blanche,
Je me dis qu’il faudrait que mon écorce flanche
Car traîne mon passé dans un sommeil profond.
Je vous parle d’ailleurs, d’un endroit pâle et triste.
Et si vous regardez ce vieux bout de chiffon
Ne plaignez pas l’esprit muet qui se morfond
Sa seule admiratrice ayant perdu l’artiste.
Une corde, une poutre et j’embrasse la mort.
Un ami vient, me sauve en conjurant le sort.
Je vous parle d’ailleurs, d’un endroit pâle et triste.