Toujours dans le même jeu de rôles, voici le discours que tient John Smith, le mari de Gwen Du, l'hôte de nos personnages (ils sont allés lui rendre visite à l'hôpital psychiatrique de Morlaix, où il est interné)
(Illustration : Statue du Grand Vizir Imohtep au musée du Louvre)
Prisonnier de ce monde
Ce monde sans saveur, quelle sombre prison !
Pourquoi donc suis-je ici ? Qu’est-ce donc qui m’entrave,
Me maintient ici-bas ? J’y suis comme un esclave,
J’y pleure et m’y morfonds, sans rime ni raison !
Je veux retourner où je ne suis une épave,
Je ne vis qu’en Kadath, c’est là qu’est ma maison !
Ce monde sans saveur, quelle sombre prison !
Tout est douleur et peine, et de sens tout est vide ;
Et mon âme me quitte, et je deviens livide…
Mais quand ces yeux sont clos, je tombe en pâmoison,
Retrouvant ce pays où tout est si splendide ;
Je ne vis qu’en Kadath, c’est là qu’est ma maison !
Ce monde sans saveur, quelle sombre prison !
Je le fuis, je repars arpenter ces contrées
– Dylath Leen et Sarnath, et ces forêts sacrées
De champignons géants ! – Mais Xura – trahison ! –
Fut détruite et ses tours pour toujours effondrées…
Je ne vis qu’en Kadath, c’est là qu’est ma maison !
Ce monde sans saveur, quelle sombre prison !
Mais mon amour m’attend à la cour somptueuse
Du sombre Pharaon ; que mon âme est heureuse
De ta grandeur, ô grand vizir, mon horizon,
Mon cœur, mon bel époux à l’humeur ombrageuse !
Je ne vis qu’en Kadath, c’est là qu’est ma maison !
Stellamaris