Khris Anthelme Apécien
Nombre de messages : 7546 Age : 71 Date d'inscription : 06/12/2009
| Sujet: Le Rondeau Nouveau Dim 14 Nov 2010 - 22:11 | |
| Admirez-les !
Admirez-les ! Goulus de rimes d’un autre âge, Dès l’aurore ou la nuit à choisir un jambage Se taraudant l’esprit pour sortir un rondeau, Puisant, en caressant quelques traits au cerveau Pour vous offrir leur âme au besoin d’un partage.
Venez voir, ce qu’ils font, comme est bon leur ouvrage, N’ayez d’effroi de lire un mot criant carnage, Car de vie ou d’amour leur cœur demeure beau, Admirez-les !
Nos Apéciens, faisant d’un poème une image, Des saisons une fleur dans son joli corsage, D’une nuée un heur pour un monde nouveau, N’hésitez, à goûter un vers de leur ruisseau, Quand un murmure inonde un pleur de son breuvage, Admirez-les ![/size]
Emblème
Eclaire-moi ! Ma tendre, un ciel de ta frimousse, Mon âme, au bel azur de tes yeux, éclabousse Mon cœur de ce soleil serti sur ton regard, Et je t’inventerai des instants sans brouillard Pour tarir une larme au chagrin qui la pousse.
J’encrerai cette vague, encor qui te courrouce Sans raison la pensée, afin qu’elle soit douce Au contour d’une rime étanchée au buvard, Eclaire-moi !
Pour bâtir un rempart à l’heurt qui se trémousse, Dans le roc le plus dur, au temps qu’il ne s’émousse, Sur la plus haute cime à ce qu’il reste hagard, Alors, nous planterons notre bel étendard Aux couleurs de l’amour, pour lui livrer la frousse, Eclaire-moi !
Bonbon menthol
Belle est l’idée ! Happer l’amour au vol, Encore faudrait-il beaucoup de bol Pour s’y glisser, comme amant sous son aile, Et sentir de près son cœur d’hirondelle, Qui plus est, sans jouer au mariol ;
A n’ouïr dire, ô, quel affreux guignol, Mais, pour qui se prend t-il ? Ce rossignol Sous la bise agitant son escarcelle ! Belle est l’idée !
Mais, être fin, ajustant un bémol, Au lieu de baisoter au vitriol, Avant que las, Cupidon ne se gèle ! Sur un nid de fortune épris sans zèle, Imposons le baiser bonbon menthol ! Belle est l’idée !
Je veillerai !
Je veillerai mes poètes amis Guettant le jour, récoltant vos semis, Combien j’ai bu, de Marot à Verlaine De vers en rime en reposant ma peine Sur un automne aux chagrins endormis.
Quand viens le soir, je m’alarme et frémis Pensant revoir vos parlers insoumis. Quand, l’horizon sombrera sur la plaine, Je veillerai !
Chu dans ce monde où le verbe est permis, Je verse un pleur aux siècles ennemis, Rends à Racine un flot de la Fontaine Pour nettoyer l’univers de la haine. Tant que des rus de sang seront vomis, Je veillerai !
Parfum enflammé
Enivre-moi du parfum de ton cœur Et je serai ton plus sûr éveilleur, Bien plus ardent qu’un soleil d’une aurore Perçant un rai pâle et trop faible encore Pour embraser du peu de sa tiédeur,
Ferai des vers sur une rime en fleur Pour que notre âme exprime la douceur Des nuits qu’une aube insaisissable ignore. Enivre-moi !
Pour raisonner l’automne et la roideur D’un sale hiver, le glas de l’ascenseur, Et faire fi de l’instant qui s’essore En soutirant du feu qui s’évapore De nos tombeaux, ma flamme et ton odeur. Enivre-moi !
C’en est trop !
Oh, c’en est trop ! Je suis hanté, distrait Le jour, la nuit, d’un verbe et son attrait, Quand de l’instant mon cerveau se rebelle, Hors des saisons, de l’heure habituelle, Pourtant, ma plume assume son retrait,
Le revoilà, se jouant d’un long trait, J’en perds la tête où plus rien ne filtrait, Ailleurs, chez moi, résonne sa crécelle, Oh, c’en est trop !
Il finira, par m’user le portrait Ou me ruiner l’esprit encore abstrait, Roulant ses vers, m’irritant la prunelle, Cet univers que ma raison démêle, Il se pourrait, que je marque un arrêt ! Oh, c’en est trop !
Des ronds dans l’eau
Des ronds dans l’eau, la pluie attend des vers De son chagrin descendu des éthers Pour refleurir, essaimant sa mitraille Un matin chu d’une belle grisaille La délivrant du temps, des jours amers.
De ma fenêtre, un regard dans les airs, Mon œil se perd sur l’ourlet des hivers Qui se confine et livre la bataille Des ronds dans l’eau !
Une mésange à l’atour de ses verts, A l’envol leste écoute les geysers Rebondissant sur la mare et tressaille Voyant venir le froid qui la tiraille, Maussade encore à voir périr ses vers Des ronds dans l’eau !
La goutte d’eau !
La goutte d’eau se suspend sous un fil, S’équilibrant de son œil très subtil Comme une perle ornant en virtuose Une parure à l’azur qu’elle expose Pour scintiller sous son meilleur profil.
Sur un pétale oubliant tout péril, A part un pleur, l’aiguail, que faudrait-il ? Pour abreuver l’aurore d’une rose, La goutte d’eau !
Et pour lier le levain du fenil A l’homme amer perdu dans son nombril, C’est une source encore qui s’impose, Voyant qu’un ru se meurt, se décompose De son chagrin, ou qu’il ne prenne exil, La goutte d’eau !
Pour qui cette flamme ?
Du feu bouillant s’ajuste ma lueur Comme un éclat conspuant le tueur Pour me chauffer les replis de mon âme Et me sécher du spectre d’une flamme, Alors, je prie, au front de la sueur.
Ce dieu subtil, pénétrant et rieur Que l’homme a su dompter, futé lieur D’airain, de plomb, se forgeant une lame Du feu bouillant !
Faisant gueuler son canon aboyeur Rougi d’entendre hurler le fossoyeur Par le drapeau déchiré qu’il proclame Et le cercueil d’un enfant qu’il affame, Hélas, fondu dans l’argent pourvoyeur Du feu bouillant !
Terre, terre !
Notre univers, ressemble au grand jardin Garni de fleurs visité le matin, Vite oublié le soir d’indifférence Ou par le noir porté par élégance, Dès que s’en vient un autre lendemain.
Pourtant, notre heure est faite du dessein Qu’on lui résonne au cadran du destin, Et notre terre est encor notre chance, Notre univers,
Qui donc, pourrait la dompter d’une main, Tenant dans l’autre un fusil, un gourdin ! Sans négliger ce poids sur la balance, L’âme creusant son trou dès qu’il devance, Pour décrier en sonnant le tocsin Notre univers !
Besoin d’air !
Nous respirons, tu souffles, je suffoque ! Ma frêle voix s’égosille trop rauque Quand un ciel bleu s’enrage des vomis De ramassis chus de l’âtre au tamis Du vent percé que nous garde l’époque !
Sous cette pluie au seuil de ma bicoque, Sous ce torrent de boue et mon pébroque, Je viens vous dire, ô mes tendres amis, Nous respirons !
Pollution, pour celui que j’évoque Quand un ion de son rempart lui croque D’un coup de sang, sans autre compromis, Le vrai poumon des siècles endormis Pour essouffler un monde ventriloque ! Nous respirons !
La vie
Malgré les bruits de la terre endormie, Les pleurs, les flots, une flamme ennemie, Chantent les cieux cet air, « nul n’est parfait » ! Quand vient l’espoir, un siècle se refait Silencieux, soutenant l’accalmie.
Bien qu’une pluie irrigue une endémie, Un trait d’azur lui livre sa chimie Sous un soleil éclairant son bienfait Malgré les bruits !
Offrant au temps, l’ardeur qui ne s’émie Dans les saisons, aux fleurs l’autonomie, Aux épis d’or le grain qui satisfait, A l’homme un ciel que son ombre étouffait, Une lueur pour sa plus douce amie, Malgré les bruits !
Douce imposture
Prisant son coeur, erre un long chuchotis Quand un soupir aide mes appétits Décents au creux courbés d’une échancrure, Je pense alors, à lancer un murmure A ma charmante et ses bijoux sertis.
L’idée est folle aux fruits appesantis D’une dentelle, à mes yeux divertis, Comblés de voir la douce architecture, Prisant son coeur !
Et, fredonnant Brassens, ses interdits Devant un corps sage aux félins nantis, Je vois Margot dirigeant la mesure Et je me dis, « superbe est l’imposture, Pourquoi, ne pas jouer aux apprentis », Prisant son coeur !
Où donc est-il ?
Où donc est-il, sous ce gris mon coteau ? Est-ce la brume au ciel de mon tableau Qui se suspend de son aile la sotte Sur ses flancs ? Mon œil qui papillote Mal éveillé le nez sur le carreau ?
Quel est ce fade au travers du hameau Faisant s’enfuir la tour du vieux château Où se plaisait tant la chouette hulotte, Où donc est-il ?
Qu’est advenu le chant du passereau Qui se berçait sur les joncs du ruisseau ? « Mais, c’est l’hiver », me sert la gelinotte, « Regarde bien, les deux mains il se frotte Se languissant du vieil homme au traîneau ! » Où donc est-il ?
Abstenez-vous !
Abstenez-vous vils sots, gare au courroux, J’écraserai sur vos têtes les poux, A faire entrer leur chagrin, leur misère, Vous pourriez bien, périr, raclant la terre, Prier le ciel pour amortir les coups.
Puis, je ferai de votre or des cailloux, Et de leur vie un éternel plus doux, De leur sommeil un feu qui les libère, Abstenez-vous !
Et s’il le faut, je plierai les genoux Dans chaque vers à vous rendre jaloux, Pour vous montrer que mon âme est en guerre, Quitte à glisser au fond d’un cimetière, Mais jamais n’être englouti par vos loups ! Abstenez-vous !
Virtuose !
L’œil sous son aile, une feuille morose Prend son envol à l’aube d’un nivôse, Comme une plume au léger bruissement, Pour se poser la belle au firmament Et musarder sur un vers, je suppose.
Sous les frimas, l’affront, hurlant sa cause Aux cieux fermés, de sa verve s’impose S’aventurant sans nul autre argument L’œil sous son aile !
Hâtant l’aurore un beau jour de ventôse Pour caresser le bouton d’une rose Fragile encor dans son balbutiement Et revêtir de velours chaudement Son rejeton en bonne virtuose, L’œil sous son aile !
Quant un frisson se rallume
Mon verbe étant alerte et vaporeux, Parfois trop lourd, chu de traits douloureux, Se courbe aux cils lorsque mon œil s’embrume Et se déverse en flots sur une plume Pour les répandre obtus et ténébreux.
Je le connais, taquin ou coléreux Quand la machine et son froid rigoureux Lui sert son sort pesant comme l’enclume, Mon verbe étant !
Il sait aussi se faire savoureux Avec raison sur ses printemps nombreux Quand de l’instant, un frisson se rallume Sur le tison de l’amour, je présume ! Voyant s’éteindre un courroux désastreux, Mon verbe étant !
Doubles jeux !
Par doubles jeux, scintillante ou rebelle Au crépuscule, au clair d’une chandelle, Au premier souffle issu de l’enfant né, A la pensée, à l’âme, au condamné, L’œil s’y suspend, une larme ruisselle.
Ce fin cristal, douçâtre à la prunelle, Trempé de vie, irisant l’étincelle D’un grand silence ou d’un cœur ruiné Par doubles jeux.
Parfois de joie ou du froid d’une stèle, Elle déverse un pleur en parallèle Pour essuyer de son regard cerné D’un feu de paille, un fétu soupçonné D’une douleur moins émotionnelle Par doubles jeux.
Pic épeiche
Quelle surprise à voir cet inconnu, Etrange oiseau de noir et blanc vêtu, Ce matin même à nous faire la manche Dans son habit, oui, celui du dimanche L’aile étourdie et le dos soutenu.
Seul un corbeau peut jouer l’ingénu, L'imaginer est presque saugrenu Me dit la pie assise sur sa branche, Quelle surprise !
« C’est Pic épeiche, il est pourtant connu » Glorifia le merle un brin ventru, « Vois, comme il tient, quand son ongle s’enclenche Rien ne l’émeut, pas même une avalanche » ! Le persifleur s’en étant souvenu ! Quelle surprise !
Ma liberté !
L’évasion, s'exprime sur l’azur, Sous le soleil et sans l’ombre d’un mur Pour distinguer chaque nuit étoilée Et parcourir une aube dévoilée Me dessinant un songe clair-obscur.
Je l’ai trouvée, en cherchant un futur Où l’avenir se tend d’un bras plus dur, Vers où mon âme au sort, s’est installée L’évasion !
Juteuse au goût, tendre comme un fruit mûr, Silencieuse à son exequatur Qui s’incruste intriguant ma céphalée, Et cependant sans être verrouillée Pour s’abreuver d’un vers lorsqu’il est sûr, L’évasion ! | |
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