Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Nus et maigres tremblants dans des wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers.
Jean Ferrat (nuit et brouillard)
LES TRAINS EN PARTANCE
Ils traversent, les trains, courant dans la campagne
Emportant des humains dans leur course au néant.
Dans l’infini du temps vers cet ultime bagne
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
Ils étaient condamnés pour leur seule croyance
Un crime désormais contre les libertés
Ces six millions de noms emmenés dans l’urgence
Nus et maigres tremblants dans des wagons plombés.
Ils ont été conduits dans un dernier voyage
Vers les funestes camps aux barbelés tranchants.
Ils sont tous devenus des ombres de passage
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants.
Près des vieux miradors, dans un triste silence
Ils étaient massacrés, ils étaient liquidés.
Faut garder souvenir des rames en partance
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers.
JC BLONDEL