Les armes féminines.

Les armes féminines

Un site, a-t-on jadis dit, sans femme
Doit être très vite abandonné,
Tout comme un corps dépourvu de l’âme
Ne peut jamais être pardonné.

N’est pas aussi faible qu’on le pense,
Eve. Elle détient l’arme de poids
Qui brise même l’ être de science
Sans qu’il ne la touche de ses doigts.

Lorsque seulement ses cheveux flottent
Des yeux grands ouverts sont attirés
Et puis les désirs du corps bouillotent :
Est-ce un appel pour être effleurés ?

Ils descendent prospectant les pentes,
Le cou ; envahissent les arceaux,
Charment, font voir des langues pendantes
Détachent des cœurs de leurs erseaux.

« Mais pourquoi donc s’est dit notre dame
Faire de mon dos, de mes cheveux
Une vile et gratuite réclame
Mieux vaut les cacher des envieux ! »

Le cou qu’il soit blanc brun ou d’ébène
Dépasse bien la valeur de l’or
Porté par le collier qui l’enchaîne
Attire plus d’un flatteur condor.

Il souhaite y déposer la griffe
De ses lèvres sur la pureté
Car l’âpre rapacité le briffe
Le pousse à jouir de la beauté.

Pour éviter l’insolente œillade
Des badauds mais très bien curieux
La belle esquive la fusillade
Eteignant le foyer radieux.

De beaux fruits bien mûrs sur l’étagère
Se tiennent prêts pour être cueillis
Par une jeune main très légère
Ou par des doigts tout tremblants, vieillis.

Sachant le danger qu’elle s’attire
Et la souffrance qu’elle produit,
De l’étalage elle les retire
Chassant envie et ce qui s’en suit.

Elle ne veut déposer les armes
Qu’elle conserve bien en secret :
Beauté des jambes, cils, seins… et larmes
Que devant un mari pur, concret.

Femme ne veut partager son homme
Ni le voir vers une autre pencher ;
L’époux aussi, doit faire tout comme
L’aimer et ses doutes épancher.