Je tente ma couronne:
La blessure (Sonnet maître)
Malgré que des saisons soient passées
Refusant de se cicatriser,
Les douleurs demeurent bien tracées :
Chaque an, le feu vient les attiser.
Des larmes s’étant un peu tassées.
Mais à tout rappel, vont se briser
Les cuves et leurs eaux déversées,
Un mouchoir n’arrive à maîtriser.
Chaque fois vient le jour de la perte,
Pénètre dans la maison déserte,
Un cœur déchiré par le chagrin
Dirige un grand œil vers la lumière
Pensant qu’un revenant est en train
D’exaucer sa fréquente prière.
Les rêves
Malgré que des saisons soient passées,
Les regards souvent vers les tombeaux
Nouent les corps aux âmes délacées,
Pensent les voir quitter leurs caveaux.
Vite des larmes se sont massées
Absurde de contenir leurs eaux !
Les yeux chagrinés, les ont chassées
Sur un visage étant des plus beaux.
Ne pouvant, ne pas penser à l’être
Avec qui des rêves pourraient être
Communs, allaient se réaliser.
Aux sanglots, aucun cœur ne résiste,
Même le plus âpre faible assiste
Refusant de se cicatriser.
L’inévitable sort
Refusant de se cicatriser,
Cette constante douleur ouverte
Qu’un brutal départ vient d’inciser,
Gagne une âme sans sœur et fluette.
L’inévitable a su diviser
L’admirable espoir à l’ardeur verte
En déclin qu’il vient d’improviser
Sans avis et sans donner d’alerte.
Que peut bien faire, devant le corps
D’un mari compté parmi les morts,
Une femme aux peines amassées ?
Par le souci, se faire griller ?
Non ! Mais, ne pas trop crier ! Prier !
Les douleurs demeurent bien tracées.
Le fatal destin
Les douleurs demeurent bien tracées,
S’emparent d’un visage cireux,
Refusent fort d’être déplacées
Car plus fermes qu’un cœur vigoureux.
Ses très chères larmes déversées
Sur son bel homme d’elle amoureux
Ne réchauffent ses flammes glacées
Ni ne font battre ce cœur pierreux.
Que pourra-t-elle bien dire ou faire ?
L’agent de Mort, de son belvédère,
Se tient prêt pour, tout humain, briser.
Les bêtes, ainsi ceux qui résonnent
Les grands soucis, leur vie empoisonnent
Chaque an, le feu vient les attiser.
L’écueil
Chaque an, le feu vient les attiser
Et raviver encore ces peines.
Le temps n’a pas pu banaliser
Les morts qui cheminent par centaines.
Mais, lui seul peut la tranquilliser !
De telles exigences sont vaines
La bête peut, ses dents, aiguiser ?
Les palmiers, eux, deviendront-ils chênes ?
Madame, évitez le port du deuil
Qui pour vos fils est un grand écueil !
Pour que vos notes soient bien placées,
Prenez votre destinée en main !
Préparez-les à braver demain !
Des larmes s’étant un peu tassées.
Pénibles souvenirs.
Des larmes s’étant un peu tassées,
Elle visite avec grande ardeur.
Les lieux citant les scènes passées :
Quand ils s’étreignaient avec ferveur.
Là, bras aux cous, jambes enlacées
Ne faisaient du couple qu’un seul cœur.
Dans les plantes en rangs bien placées,
Ils se promenaient chantant en chœur.
Mais Madame vous n’allez pas fondre
En pleurs et les petits vont répondre
A vos pieds, n’allant rivaliser.
Suffit ! Semez en eux le courage !
Faites des bons jugements usage,
Mais à tout rappel vont se briser.
Le rappel douloureux.
Mais à tout rappel vont se briser
Les murs ancrés retenant les larmes
D’une femme ; que moraliser
On ne peut même étant sous les armes.
Va-t-elle lutter ou se griser ?
Va-t-elle lever les bras au drame ?
Certes indu de minimiser
Ce puissant fil tombé de la trame.
Mais le fait est là bien apparent
Sont grandes les ruines d’un parent
Mais le temps les a déjà forcées
Madame ! Sont partis votre cœur,
Vos très chères larmes, le tuteur,
Leurs cuves et leurs eaux déversées.
La maison mortuaire
Les cuves et leurs eaux déversées,
Ne laissent personne indifférent.
Tous ont, les poches des yeux, percées
Pleurent l’un des proches déférent,
Laissent couler leurs perles censées
Et puis, dans leurs poches s’affairant
En quête d’excuses insensées
Quittent les lieux, des mots murmurant.
En quittant la maison mortuaire
Ils font au défunt une prière.
La veuve ne veut neutraliser
Son rôle et rend culte à qui console
D’une main, d’une voix sans parole,
Un mouchoir n’arrive à maîtriser.
Un mouchoir
Un mouchoir n’arrive à maîtriser
Les grands flots chauds qui, des yeux, débordent
Et vont le visage tamiser
Qui, sous les fréquents hoquets, se tordent.
C’est sûr, elle va le diviser
En de petits morceaux qui s’accordent
Les uns, les eaux des cils vont puiser,
Les autres, les deux narines mordent.
Pleurer n’est pas une nullité
Mais mieux une grande qualité
Dès que l’occasion est offerte.
De l’époux, privée elle ne peut
Ne pas penser même s’il le veut,
Chaque fois, vient, le jour de la perte.
Le temps consolant
Chaque fois vient le jour de la perte,
S’accapare de cette maison
La maman regagne un coin inerte
S’enfermant seule dans sa prison.
En curant, fait une découverte,
La place au cœur, fait une oraison.
La plaie en guérison s’est rouverte
Fauchant de ses yeux leur fenaison.
Moins dense cette fois la récolte
Mais plus en paix, le cœur se révolte
Sans produire d’intenses remous.
A la tâche sans retour offerte,
Le temps fit don d’oreillers plus mous,
Pénètre dans la maison déserte.
Guerre au souci
Pénètre dans la maison déserte
Lorsque tous les amis sont partis,
Souci sautant sur la chance offerte
Emprunte à l’ogre ses appétits.
Sans riposte, elle part à sa perte
Entraînant sans doute ses petits
Car sur l’unique malheur, disserte,
Ne les voyant autant engloutis.
Ce n’est que lorsqu’une voix s’élève
Ou qu’un bras vigoureux la relève
Qu’elle va curer ses yeux en drain.
A rester debout, elle s’efforce,
Range ses cheveux mutins, son torse,
Un cœur déchiré par le chagrin.
Un cœur déchiré
Un cœur déchiré par le chagrin
Souffre mais poursuit toujours la lutte
Il y va de la vie de chacun
De tout membre vivant sous la hutte.
Elle prend tout son courage en main
Se relève, tout doux de sa chute
Pour affronter l’avenir commun.
Tient sa tête encor sous la secousse
Mais avance, ferme, sans rescousse,
Commence par les petits travaux.
Attire ses fils les étreint, fière,
Les incite à rester sages, beaux ;
Dirige son œil vers la lumière.
La visite
Dirige son œil vers la lumière
Prend un grand bol d’air pur
« Allons, les enfants au cimetière,
Saluer Papa, je sais, c’est dur !
Sous, dit-elle, ce carré de pierre
Délimité par ce petit mur
Repose pour toujours notre père
Allez ! Priez ! Pensons au futur ! »
Dans la place des morts, la promesse !
Les larmes chaudes coulent sans cesse
Mais demeure, l’esprit en bien main.
Chaque membre à sa façon, entame
Le serment sans faire de réclame,
Pensant qu’un revenant est en train…
L’œil bienveillant
Pensant qu’un revenant est en train…
De leur inculquer ce qu’il faut faire,
Ils se tiennent bien fort par la main
Sous un œil vigilant de la mère
Qui les couve du cil et du sein.
Avec eux s’ouvre, une nouvelle ère
Leur assurant un beau lendemain,
La longue vie heureuse sur terre.
Bien gaillarde, elle quitte les lieux
Poussant ses enfants respectueux
Vers un futur qu’elle veut lumière
Mis sur le chemin compatissant
Tous implorent le Dieu Tout Puissant
D’exaucer sa fréquente prière.
La récompense
D’exaucer sa fréquente prière,
Elle se dépensa fit bon jeu.
S’est conduite en une bonne mère
Œuvrant en se contentant du peu.
Sains et saufs, bien loin de la misère
Sur Honte et Rancune ils firent feu
Suivant constamment l’itinéraire
De leur mère, ils ont gagné l’enjeu.
Les orphelins grandirent aimables
Honnêtes, francs encor estimables
Sous des yeux aimants et bienveillants.
Peu de femmes sont récompensées.
Pour leurs efforts toujours bien payants
Malgré que des saisons soient passées.
Derdour Ahmed 22042012