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 La Rotrouenge

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AuteurMessage
Khris Anthelme
Apécien
Apécien
Khris Anthelme


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Date d'inscription : 06/12/2009

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MessageSujet: La Rotrouenge   La Rotrouenge Icon_minitimeJeu 15 Déc - 10:53

Goûteux est le fruit !



Il ne pensait qu’à ce qu’il voulait voir,
Pour ne plus s’agiter dans ses chimères,
Ses songes bâtissant dans l’abreuvoir
Ténébreux de ses nuits parfois amères
Tel que peut l’être un fruit !

De monts en vaux, d’ornières en goulets,
Râpant la terre, observant dans ses failles
Mille relents et maints douteux reflets,
Le dos rompu sous de lourdes batailles
Dans un jardin sans fruit !

La cible était abrupte et les crocs vains
Pour croire aux cieux, et moins encore au monde
Dont il rêvait, tout de vergers divins,
Ne découvrant qu’une ombre moribonde
Pourrissant comme un fruit !

Nul gonfalon n’étayait son chemin,
Seul, l’aquilon lui soufflait aux oreilles !
« Poète avance, et prends garde à demain,
Car les saisons jamais ne sont pareilles
Pour que soit bon le fruit !

Alors un soir, « Attends-moi poésie ! »
S’écria-t-il pour gravir le silence,
Sentir sur un doux parfum d’ambroisie,
Quelques vers soupesant sur la balance,
Que goûteux est le fruit !




J’aimais tant Mozart !



L’hiver et ses frimas, les jours obscurs,
La rue, un bruit de pas, laissaient en elle
Se verser des soupirs tièdes et purs
Tels les sanglots longs d’un violoncelle
Déversant du Mozart.

« Ecoute » disait elle à basse voix,
« Sens-tu mon sein comme il bat la chamade, »
Fragile et charmante et douce à la fois
Son sang semblait tombé d’une cascade
Ecrite par Mozart.

Que faire, à part la tenir dans mes bras ?
Le son était si doux dans ma demeure,
Et la laisser aller vers le trépas
M’aurait privé d’une note majeure,
M’aurait maudit Mozart !

Je l’ai donc secourue au nom de l’art,
La serrant sous mon aile, une sonate
Appréciant aux bons fruits du hasard,
Réconfortant une âme délicate,
Jurant d’aimer Mozart !

Mais, vint Wagner et d’autres instruments,
Ma virtuose ayant l’âme classique
Distrayait de son coeur d’autres amants,
En leur faisant ouïr une supplique
Fit faux bond à Mozart !





Pour qui sonne le glas ?



Tout en sachant que le vent fait souffrir,
Car celui-ci ne cède au bas caprice,
Se tourne et mord si l’on veut se l’offrir,
Fait fi sans autre cas de l’artifice
Qui précède le glas !

Qui ? Serait assez gourd, fort muni d’or,
Pour dire, « aller, procurez-moi la lune ! »
Comme Crésus grossissait son trésor
Multipliant son immense fortune
Par l’horion du glas ?

Quel est donc ce plaisir ? Fier d’amasser
Pour paraître arrogant, pieds dans la tombe
Le bec cousu d’argent ! Ne sait bisser
La faux, coupant le son quand sur l’heur tombe
Le langage du glas !

La vie est ainsi faite, un jour avec,
Un autre sans, le malheur ne s’achète !
Bien qu’aujourd’hui pour mieux vous rendre sec,
Tout se monnaie, encaisse un malhonnête
Quand résonne le glas !

Mais qui, serait assez audacieux
Pour répartir l’en trop ? « Mauvais présage ! »,
Diraient certains nantis de ces messieurs,
« Ce vil est fou, mettez-le vite en cage
Qu’il entende le glas ! »





Printemps prochain



Te souviens-tu, de nos pas sur le sable,
De nos sauts de cabri pour échapper
A la vague en furie, onde inlassable
Qui se ruait pour nos traces lamper
Et briser notre ardeur.

De nos ris sur le pont, plus traversable
Depuis que l’océan l’a du frapper
Trop fort de son ire incommensurable,
Le mesurant du bord pour le couper
Et calmer son ardeur.

Sandales à la main, de l’imparable
Echarde parvenue à s’agripper
Sur ta peau, de ta chair inséparable,
De tout le temps passé pour l’extirper,
Bien malgré mon ardeur !

Mais ce passage en fait fut désirable,
Quand mon regard dû se préoccuper
De ce fragment de bois plus que louable,
Et voir mes sens sur ton corps s’attrouper,
Eveillant leur ardeur !

Printemps prochain, en saison raisonnable,
On y retournera, se retremper
L’œil sur la plage, avec vue imprenable
Sur l’azur et les flots, pour insculper
Notre âme avec ardeur !




D’autres rêves !


Cieux que me voulez-vous ? L’heure est trop brève
Le jour, les nuits bien plus. A me cerner,
Novembre brigue et veut m’emprisonner,
Ôtez-moi de ce rêve !

Bas suspendus, n’aurais-je nulle trêve
Sur cette terre, à vouloir me faner
Sans cesse un trait, à me faire caner
Dès l’aurore mon rêve !

Plus un seul chant envers vous ne s’élève,
Seul un calme d’enfer à me damner
S’incruste et m’interrompt pour me tanner
Et me croupir un rêve !

Je perçois les frimas brandir leur glaive
Effilé, tels des gueux, pour laminer
De sombre ma carcasse et malmener
Un demeurant de rêve !

Mais de l’assaut, faudrait-il que j’en crève,
Ne me feront moisir ni frissonner
Vos infimes crachins, pour bouillonner
Ma couche élit son rêve !




Le bal des sansonnets


Tout de sombre vêtus et tachetés
De métallique au flanc, le bec en fuite
Droit relevant, libres, mais ballottés
Par la bise maudite.

De leur envol soudain, tous agités,
De-ci de-là, virevoltant, crépite
Leur cri s’entrelaçant de tous côtés,
Tant leur aile est maudite.

Pour s’approcher un oeil des cavités
Et repartir, trouvant bien insolite
L’écho produit de sons illimités
De la terre maudite.

Les horsains dans leur bal, déshérités
Et sans dortoir, sous la treille séduite
Par tant d’éclats se sont tous abrités,
Car leur vie est maudite.

Quand vient le soir, quelques bruits de cités
L’on entend, mais aussi les chants d’un rite
Et des pleurs de corbeaux, tous imités,
La nuit leur est maudite !




La bête


Quand vient la nuit, tout un monde s’éveille
Pour survivre, assumant la loi du sort !
Dans l’ombre et crocs acérés, il surveille
Patiemment le crépuscule, et sort
Pendant notre sommeil !

Eclairé par la lune un soir d’automne,
Je l’ai surprise à ramper sous mon seuil.
Parfois, je fais semblant, muet, j’espionne
Regard mi-clos, oui, seulement d’un oeil
Pour ne trouver sommeil !

Je vous le dis, chaque soir, téméraire,
Discrètement de ses yeux de velours,
A pas feutrés sous un rayon lunaire
Pour emprunter le même et seul parcours,
Me troublant le sommeil !

Je l’attends, à l’affût, tais-toi ma plume,
La voilà, hésitante à ses arrêts,
La sauvageonne applique la coutume,
Une victime est prise aux frêles rets
Pour un très long sommeil !

Ouf ! Je peux dormir, la bête est repue,
Le temps de retisser un bri de rang,
Ne reviendra d’une patte velue
La bestiole avec le bec en sang
Chatouiller mon sommeil !


Forfaiture !



Tel un débris, un radeau sans voilure,
Regard rivé, révisant mes sillons,
Je me sens assombri, tout me triture,
Le ris défait par l’aigreur des brouillons,
Bien vilaine est la vie !

Tel un fardeau me transperçant l’armure,
La terre immerge et ne sort qu’un frisson,
Le jour est bas, ne rêve d’aventure,
Se contentent mes pas du paillasson,
Croule toute une vie !

Tel l’océan sur une vague obscure
S’égarant de ses bords, sur l’horizon
Je me résigne un doigt sur la couture,
Le front bien droit devant la trahison
Pour saluer la vie !

Tel un bât sur le col, la forfaiture
Me fait blêmir, pesante est la raison,
Me fait gémir, maudissant la nature
Et ses frimas en rangs de garnison
Dépeçant une vie !

Tel un tombeau je médite et murmure,
Las et vaincu, je tombe mes haillons
Et me réchauffe au sein d’une échancrure,
Bouleversé par de chauds tourbillons,
M’abandonne à la vie !




Chants de la terre !



Le temps, qu’importe ! Il mène sa chanson,
Quand sur l’hiver, un sombre soir d’aven
Dépose en plaine un moelleux flocon,
J’ouïs dans le bois soupirer le vent
Pour refroidir la terre,

Dans un hourra l’immense frondaison
Se réjouir, la chênaie activant.
Tout un chacun se met en liaison
Pour ne pas oublier qu’il est vivant
En célébrant la terre !

Quant au printemps, il éveille un bourgeon
D’un doux murmure, une fleur abreuvant
Au ru d’un pré, le fait est émouvant,
Il s’étire à ce qu’une exhalaison
S’écoule sur la terre !

Tout est silence à la belle saison,
L’on n’entend qu’une mère, un bec gavant,
Nous entrouvrir au jour un pleur d’oison
Solliciter les rayons du levant
Pour qu’ils chauffent la terre !

Voilà pourquoi l’autan de sa raison,
Dès l’automne un feuillu le soulevant
Pour la page tourner sur l’horizon,
Rafraîchit ses vieux airs en rénovant
Les couleurs de la terre !




Africa ne pars pas !



Ton ciel est précieux terre sans âge,
Ô belle Afrique au zénith trop ardent
Qui fait venir à grands coups de forage
Ces affamés un profit sous la dent
Fiers de se damner l’âme !

Pourquoi ta faim est-elle cérébrale,
Qu’ont-ils fait à ton peuple, à son honneur ?
Vois-tu comme il est las, comme il est sale,
Comme avili par un siècle saigneur
S’emparant de son âme !

Ta glèbe fuit tant sa peine est brutale,
Ton nom souillé ! Comble de préconçus,
Ton cœur se fend sur rive occidentale
Pour répandre le sang des corps déchus
Déshydratant ton âme !

Pourtant, ton sol est le berceau du monde,
Aujourd’hui devenu sourd à tes cris,
Trop égoïste et de faiblesse immonde
Qui joue au fossoyeur d’enfants meurtris,
Dans l’errance est leur âme !

N’as-tu lutté, combattu l’esclavage,
Mais, celui-ci n’est-il pas pis aux yeux
Par ces mouroirs, l’exil et le broyage
De tes fils usurpés, privés de cieux
Pour apaiser leur âme ?

La postérité n’est que marginale,
N’atteignant l’oeil de nos gouvernements
A l’iris gourd, l’oeillère est capitale,
Témoins, non ! Pétrole, or, diamants,
Les pierres n’ont point d’âme !





Murmure



C’était l’automne, un soir où part l’envie,
Je ne peux vous nier l’empressement,
Tel un rêve ou beauté rime avec vie
Pour savourer la nuit discrètement
A rendre l’aube folle !

Me souvenant sous la lune éclairée
De son visage angélique et rieur,
Du doux baiser de sa lèvre pourprée,
De ses yeux scintillants avec candeur,
Mon âme encore est folle !

Devais-je succomber devant son charme,
Ou résister d’orgueil à ce tourment
Qui me troublait les sens, mais, sans autre arme
Que mon sang qui cognait comme un dément
Et la pupille folle !

Pris dans le tourbillon d’une étincelle,
Je n’ai pu je l’avoue, écourter l’heur,
Tant elle était savoureusement belle
Je me suis dit « va, murmure à son cœur ! »
La formule fut folle !

Mais bon fut l’accent, depuis, l’amour fuse.
Voilà mon soir avec vous partagé,
Le reste est tu, car jalouse est ma muse,
Le vers qui suit ne peut être échangé,
Elle en deviendrait folle !



Printemps de novembre



Le matin de novembre encore éclaire
Dans de longs rais semés comme au cordeau.
Tant l’aurore est belle et bien printanière,
Mon ru clame à ses flots « Ô, ciel c’est beau, »
Brillante est la victoire ! »

Se faufile de cascade en cascade
Sur un mélodieux refrain d’oiseau,
Pour annoncer dans sa longue escapade
Qu’est revenu le temps du renouveau
En murmurant victoire !

Par ce doux temps méritant de mémoire,
Disperse dans son creux luxuriant,
De fiers éclats, surpris du répertoire,
De son écho repus, insouciant,
Chante bien haut victoire !

Carillonnant dans sa course opulente
De signer d’une croix au calendrier,
Que l’hiver a péri d’une mort lente,
Que la douce saison verra février,
D’arroser la victoire !

Mais à sa source, y demeure un silence,
Couvrant ses pleurs par un profond soupir
Sachant que les frimas n’auront d’absence,
Jure qu’il est bien tôt pour s’assoupir,
Que frêle est la victoire !




Pour un bouquet d’ambroisie



Dans ma vie elle vit comme une rose
Dans son jardin, nul besoin de glatir
Chez elle, un pleur de plume et je l’arrose
Dès l’aube afin de pouvoir la sentir
Me fleurer la journée.

Parfois, croupi, perdu dans ma pensée,
Elle me berce et m’endort tant je suis las,
Et ma peine se voit récompensée
Dès l’éveil, fin prêt est son canevas
M’éclairant la journée !

Jamais un mot ne vient agacer l’autre,
L’éludant au contraire, elle s’étend
Sous ma fenêtre ouverte et puis se vautre,
Bien disposée aux traits qu’elle me tend
Pour saisir la journée !

Fréquemment je lui dis, « Sais-tu ma belle
Que tu me plais, que ferais-je sans toi ?
Eteint serait mon soupçon de chandelle,
Douce compagne, accepte un peu de moi,
Je t’offre ma journée ! »

« Vois-tu, je n’ai qu’un bouquet d’ambroisie,
Oh, j’en conviens, peu riche est le présent,
Mais cependant, ô tendre poésie,
Reçois ces quelques vers, que soit plaisant
Le mors sur la journée ! »




Pourquoi Demain ?



Nigaud me suis-je dit, « Pourquoi demain ?
Vis ton présent, hier n’était qu’un leurre, »
Le concept en conflit me semblait vain,
Mon for s’est écrié, « fais fi de l’heure,
Refleuris ta pensée ! »

Dès l’aurore et bien plus quand vient la nuit,
Chaque instant maintenant mis en attente,
M’apaise le tourment d’un trait séduit,
Me sort de l’âme une langueur latente
M’irriguant la pensée !

Car ma raison se forge au fil des mots
Murmurés dans le creux d’une fontaine,
S’y désaltère en puisant ses sanglots
Bercés dans un écrin de porcelaine,
Sensible est sa pensée !

Je l’entends retentir, doux est son pleur,
Tel un écho coupant à travers plaine,
Il rebondit, me transperçant le cœur,
Sur le sommet de la plus haute chaîne
Me dictant sa pensée !

Il suffisait de croire aux bons desseins
Pour exister et soulager ses peines
Qui chaque jour vous rabotent les reins,
Demeurer sage en secouant les rênes
Qu’inspire la pensée !




Mon vieux manteau



Son instant s’est contraint, nul ne résiste,
Tant, que le pré blêmit de sa frayeur.
Voilà, la bise a pris son vol, insiste,
Comme pour balayer le peu d’ardeur
De mon trop vieux manteau !

Le bois d’en haut égare une brindille,
Même un corbeau surpris de son balcon,
De tout ce blanc vêtu, tourne et vacille,
Abasourdi par un frêle flocon
Chu sur son noir manteau !

L’hiver est là, sa venue est brutale,
Seul notre ru tout en se faufilant,
Ondule un ris de fraîcheur matinale,
Court, égayant la plaine en ciselant
La blancheur du manteau !

La parure à mon œil est attirante,
Un sublime tableau m’offrent les cieux,
Tant la vue est céleste et surprenante,
Je sens la terre en relevant les yeux
Du col de mon manteau !

Devant l’immensité de la vallée,
Je n’entends que cris gourds, mais peu m’en chaut
Si des frimas mon image est voilée,
Que pâleur ne trouvant, me tiennent chaud
Les trous de mon manteau !





Dis, c’est quand Noël ?




S’en vient Noël, la nation grelotte
Sa peine au pied d’un houx, et les cadeaux
Rutileront tels des ronds de carotte
Pour rassurer le rêve des agneaux
Qui scrutent leur pays !

En glissant sur l’hiver une parlotte,
De vieux dictons lâchés par les corbeaux
Mais bons à combler les fonds de culotte
Et dessécher nos vieux tels des lambeaux
Flottant sur le pays !

Il n’oubliera les plus petits museaux
Privés de soin, qu’un appétit grignote
Veillant la rue à l’ombre des faisceaux
Et l’âme en berne un os sous la quenotte
Rongé par le pays !

Mais à ceux-là, livrera sa popote
Accommodée aux pleurs des caniveaux
Ou macérée au jus d’une gargote
Qu’auront pissé de grassouillets pourceaux
Dégradant le pays !

Des petits fours du palais de la haute,
S’il reste à l’aube un tas de bigarreaux
Dans leur grand dépotoir, à coups de botte
Du superflu sèmera les noyaux
Pour rouler le pays !

Pour terminer, ce n’est qu’une anecdote !
Sous un sapin briguera ses flambeaux,
Puis sifflera son aubade idiote
Dans un éclat rappelant nos drapeaux.
Comme est beau mon pays !




Le grand boulevard



Avril semblait brillant, silencieux
Sur mon éveil, chatoyant la croissance
De mes quinze printemps, j’ouvrais les yeux
Sur un rêve d’enfant, sans méfiance
Pour embrasser la vie.

J’étais loin de ce jour sonnant le glas,
Celui que tu m’as fait d’horreur connaître,
Puant la mort bien avant le trépas
Pour m’aviser qu’il sera toujours maître,
Que fuyante est la vie !

Vois, se trempe ma plume encor d’effroi,
Plus que jamais dans une chaude larme,
Mais ô combien pourtant, son verbe est froid
Autant qu’un sourd tombeau qui sans alarme
Vous enfouit la vie !

C’était jadis, aux tous derniers instants,
Tu me disais d’une parole fière,
« Fils, assèche ton pleur, il est grand temps,
Mon âme vagabonde, une lumière
Me tend une autre vie ! »

Me délaissant, seul face au long chemin,
Sur terre errant, empressé d’aventure.
Mais, je le trouverais un beau matin
Ce foutu boulevard qui vous emmure
Quand s’égare la vie !

Et je dirais, « Noyez votre chagrin
Mes chers petits, le feu ne doit descendre,
Il me faut m’en aller digne et serein,
Quelqu’un m’attend pour éclairer ma cendre,
Perpétuez la vie ! »




Pérégrination




Tel un fleuve, ou son lit d’efforts, se creuse
Cherchant asile en terroir étranger,
Tout est parti des bords de Sambre et Meuse
Pour subsister, les soupirs immerger
Dans le creux d’un chemin !

Je me suis imprégné d’une fontaine
Comme à sa source un ru prend son ampleur,
Pour que coure une saison qu’elle entraîne
En m’abreuvant l’âme d’une valeur
Rencontrée en chemin !

Escaladant la butte Montmartroise,
J’ai vu la scène enfin se hasarder
Et se jouer sur les rives de l’Oise,
Il suffisait de voir pour regarder
Se tracer le chemin !

Puis vers l’Aa, mince cours qui divague
Tant est plat le pays, la mer du nord
M’a conté de Jean Bart sur une vague,
Comment de ses exploits, le phare au port
Éclairait son chemin !

Dans le ruisseau d’une verte montagne
Trempe ma plume, une douce clameur
Me caresse la vue et ma compagne
Me réajuste au gré d’un ris flatteur
Pavoisant le chemin !

Comme un torrent qui serpente et s’enchaîne
Sur une courbe, estimant la rondeur
De ses contours, le silence m’emmène
Sur le galbe d’un sein et sa tiédeur,
Faire halte au chemin !




Entre poète et lune



Le poète s’émeut, parfois s’attarde
Sur un vieil astre, ou l’amour, une fleur,
Bénit le maléfice,
Saisit l’instant quand la nuit est blafarde,
Ou peint une saison, panse son heur
Quand en manque est sa plume.

Avec conviction, souvent musarde
Pour donner à son verbe un peu d’esprit,
Fait fi du maléfice,
Sur une étoile il danse ou se hasarde
Afin de prélever le bel écrit
Pour l’offrir à sa plume !

Les cieux restent sa source, éternelle ode !
D’un pleur de lune, un siècle se transcrit
Sans autre maléfice !
L’une est faite pour l’autre, en naît un code,
Chassant l’ombre d’un trait, un vers s’inscrit
Au chant clair d’une plume !

L’obscurité ne craint, par habitude
Peut-être, ou par sagesse, il est témoin
Parfois du maléfice
Des ténèbres, baignant dans l’altitude,
Triant ses traits avec le plus grand soin,
Se libère sa plume !

Tenez, ce soir, s’étend ma rotrouenge,
Un rai lunaire encore me surprend,
Serait-ce un maléfice ?
Ne trouvez-vous cela fort bien étrange,
Est-ce l’éther ma foi qui se méprend,
Trop légère est ma plume ?

Pourtant, ne suis Pierrot, ni Colombine,
Ô dites-moi, serais-je assez dément,
Martyr d’un maléfice
Pour m’engager dans leur folle combine ?
Comme piégée et sous envoûtement
Serait alors ma plume !





Saint- Germain Des Prés


De la littérature à la girie,
Petit faubourg, mais bel havre en ces lieux
De Saint-germain, des arts jadis fleurie,
La buvette arrosait tous les milieux
Dans le café de Flore.

Te célébrant, souvent plus que coutume
Quand Degas ou Manet peignait à flots,
Quand, Balzac, Sand, Prévert, sous une plume
Ardente et résonnante, arguaient leurs mots
Dans le café de Flore.

Quand Guernica, fenêtre grande ouverte
A vu le jour sur l’univers entier,
S’époumonait, d’une chanson offerte
A toutes les saisons, tout un quartier
Dans le café de Flore.

Pour s'éclairer de l’éloquence adroite
De nos Brassens, Brel, Trenet et Ferré,
Aznavour et Gainsbourg, lesquels de boite
En cave osaient leur sort le cœur serré
Dans le café de Flore.

Sartre y créa l’existentialiste,
Mais détrôné par les reines de nuit,
Cazalis et Gréco menant la piste
Par jeunesse, un courant nouveau naquit
Dans le café de Flore.

Puis, dans un imposant crachat de tombe,
Duke Ellington, Miles Davis, Bechet,
La Nouvelle Orléans débarque en trombe,
Trompette au bec tout en fermant guichet
Dans le café de Flore.

Chapeau Boris, ton âme ne déserte
Le beau Paris, car tout ça Vian, toi
Et ta progression parfois soufferte,
Résistez dans le temps d’un ris adroit
Dans le café de Flore.




L’échéancier



Balayant l’ombre, avant que ne paraisse
Sur l’aube la fureur des longs frimas,
D’une pensée, explorant la tendresse
D’une cambrure, en refait les schémas
Pour situer la nuit !

Et constater, que la vie est bénite
L’heure rythmée au son du balancier.
Mais de l’instant, me traite d’hypocrite,
L’œil mi-clos reluquant l’échéancier
Ecourtant chaque nuit !

Par chance, est beau l’éveil, il me dépose
Sur un souffle léger de papillon,
Un long soupir au doux parfum de rose
Qu’embrasse d’un souris ma cendrillon
Pour éteindre la nuit.

Alors, mon bras, comme l’oiseau d’une aile
Couve son nid, enveloppe son sein,
Paraîtrait-il, lorsque l’amour s’emmêle,
Qu’il marque son passage au traversin
De la très longue nuit !
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