Khris Anthelme Apécien
Nombre de messages : 7546 Age : 71 Date d'inscription : 06/12/2009
| Sujet: Le zégel Mer 15 Sep 2010 - 16:59 | |
| Mascarade
Si la réalité s’atrophie ou s’évade, Lorsque une vie éclate et se meurt en chamade, C’est que notre genèse absout sa barricade Ecroulée au clinquant funeste de l’airain.
Alors, qu’il ne s’agit qu’une simple incartade D’une saison gravée au son d’une tirade Sur des logis obscurs placés en enfilade Que l’on découvre au fond d’un horrible jardin.
Pour se remémorer un frère, un camarade Paré d’une croix blanche, honteuse mascarade Au souvenir amer du feu d’une estocade Dit-on, de ces enfants oubliant d’être humain.
Mais la raison renifle encor la canonnade Pour un geste, un refus, un mot, une engueulade, Quand cessera ce heurt ? Chargeons à l’accolade Afin que le tourment, tombe en peau de chagrin.
Tourbillon
Tous, rendons l’âme et paraissons encore Dans un sillon, fourmillant, indolore, Nous, simple soupir d’un soir sans aurore, Errant au cœur de notre tourbillon.
Parfois, un temps présent court ou trépasse, De cet instant, mon regard se ressasse Vers l’infini, dans un tout autre espace, Un doux reflet sur mon bel horizon.
Vivant mon heur, sans nulle autre mesure Au bon vouloir de ma mère nature, Gommé de son ouvrage et sans rature Pour qu’à jamais s’abreuve un puits sans fond.
Alors, un vent pourra souffler ma cendre, Car l’homme, ou le plus maigre insecte engendre, Pour d’une vie à nouveau se répandre Dans un monde, où plus rien ne se morfond.
Corps à corps
L’amour se lit comme un très bon livre, Il faut savoir dès qu’il nous enivre, Le dévorer sans hâte et le vivre, L’apprécier, puis y revenir.
Afin que jamais l’on ne s’en lasse En goûtant le miel d’une préface Par les passions qu’elle retrace, D’un soir, d’un âge et son souvenir.
J’aime lui dévorer une page Un jour de pluie ou de gros orage, Pour chasser l’ennui dans un corsage, A l’heur de ce qu’il peut contenir.
Puis, sans me lasser d’un grand chapitre, Je me laisse guider par le titre, « Corps à corps » Elle, pour seul arbitre, Et sa flamme pour me soutenir.
Pour un zégel
Moi, le petit poète, ignare ménestrel Sans château, malhabile à chanter mon missel, Mimer un boléro, pardon maître Ravel, Je ne sais même plus, gratter une cithare.
Je gaspille les vers, rimant un adjectif, Je m’use et je me meurs pour un mot, trop naïf, Mon trait en tremble encor de son impératif, A se voir imparfait au temps qui s’en empare.
J’aurai pourtant aimé vous écrire un Zégel, Quand ma muse se perd dans son irrationnel, Un verbe et son sujet se battent en duel, Au bord du désespoir, seul, mon latin s’égare.
Mon âme se réclame au rêve, le fautif Qui me damne, me cherche un esprit corrosif, Mais ma plume plaisante à son écrit furtif, Fidèle à l’encrier, rime sans crier gare.
Pensée Un jour de pluie, un temps de chien, un ciel d’orage, Cette saison d’enfer ne convaincra ma rage, A m’enterrer la vie au fond d’un marécage, Je préfère crever en criant ma pensée.
Le monde pourra bien m’attiser de sa flamme, Ou les cieux succomber pour dérouter mon âme, Je le pleure et le prie et mon sang le proclame, Tant que mon cœur geindra d’une larme sensée.
Les océans pourront m’engloutir non sans haine, Je n’aurai de remords que si je suis en peine, Par de fuyants chagrins pour notre race humaine, Harponnant son aurore à la voir effacée.
Si ma cendre suffoque en retrait de ma tombe, C’est qu’un esprit confus sous l’effet d’une bombe, Sèmera ma raison recherchant sa colombe Sur l’aile d’un nuage et du vent enlacée.
Au creux d’une vallée
C’est dans une vallée où je compte mes pas, Que j’ai posé le pied pour attendre le glas, Remiser le sextant, élargir mon compas Au cœur d’une clairière.
Aurais-je pu, survivre aux éclats des cités, Sans écouter le vent par les blés agités, Ou respirer le bois aux bouquets convoités Ombrageant ma chaumière.
Loin des atrocités, j’ai regagné les monts Et mon âme s’épargne oubliant ces démons Qui se ruent avec joie aux portes des saisons La mort en bandoulière.
Dieu seul sait, vers mes cieux ce que tend l’avenir, Quand, dans ma vie un heur mon sort peut contenir, Et je l’embrasse encor, le priant de bénir Mon gîte à Sablonnière.
Drôles d’oiseaux
Il s’est posé, boiteux, l’emplumé sur mon seuil, J’aurai pu, l’envoyer ad patres ce bouvreuil, Mais je ne remarquais sur lui nul mauvais œil, Sauf, un sale air dolent qu’il livra d’assurance.
Un peu comme un corbeau, qui vous flatte le dos Pour vous céder un sort à nourrir les tombeaux, Jaugeant les citoyens pour de simples moineaux En leur clouant le bec de gain et d’espérance.
Ou l’éloquente pie, à plumer un pigeon, Le coq sans basse-cour, gloussant tel un dindon Pour s’endormir d’espoir jouant de son clairon Crépusculaire ôté de sa protubérance.
Chemin faisant, chassons cet envol de brigands, Car méfiance, est sœur de rigueur en son temps, Tant que ces charognards seront omniprésents Pour nous gruger l’esprit et s’en battre la panse.
Ebullition
Mais que t’arrive-t’il mon éminence grise ? Pourquoi cette surchauffe à fondre la banquise ? Quand ta pensée étale une allure indécise A me mettre la plume en ébullition.
Nul trouble, il ne s’agit que d’une simple rime A m’écrire en douceur avec l’amour en prime, Quoi ! Trop pauvre est l’accent ! Je le sors d’un abîme, On ne peut voir plus riche en pure émotion !
Tu me perces le cœur et mon esprit s’amuse, Car je te sens venir, encéphale et ta ruse, Lorsque de maux en tête à ta science infuse S’enchaîne chaque mot de ta combustion.
Tu le sais bien pourtant, que je n’ai qu’une flamme, Que moi seul peux jouer au sort avec mon âme, Alors écris ce vers afin qu’il se réclame Ma vie, à lui donner sans hésitation !
Ciel d’Automne
Sens, sur mon front l’été qui s’achève, à présent Suis, mon regard tes yeux leur azur recherchant, Prends, cette main fidèle et qui vers toi se tend, Viens, éveiller et vivre un souvenir d’enfance.
Serre-toi contre moi sans juger l’avenir, Et vois, comme il fait beau, ce soir est à bénir, Et laissons, les saisons passer et revenir Pour savourer les fruits de la persévérance.
L’amour est bien plus fort vers nos jours réunis, Regarde les enfants que nous avons bénis, Quand même tous les cieux nous étaient démunis Aucun tourment n’osait tarir notre vaillance.
Lorsque ma frêle épaule essuyait tes sanglots, Sur ton sein s’étanchait mon chagrin des échos De ton cœur pour franchir les sommets sur tes mots, Notre unique richesse en toute circonstance.
Nos labeurs ont suffit à nos peines, nos maux, La vie est difficile et ne fait de cadeaux, Mais observe, au dessus de notre abri des eaux, Cette étoile qui brille au toit de l’espérance.
Blottis-toi contre moi, souviens-toi de ces monts Que nous avons gravis nourris de nos raisons Pour ouïr à nouveau l’âge de nos frissons, L’automne est si brillant, serti de confiance.
Sens, sur mon front l’été qui s’achève, à présent Suis, mon regard tes yeux leur azur recherchant, Prends, cette main fidèle et qui vers toi se tend, Viens, éveiller et vivre un souvenir d’enfance.
Eurythmie Insolite est ce songe, où l’errance Rapproche l’amour d’une distance, Tels deux esprits en coexistence Que corrobore le sentiment.
Pour savourer cette luminance, Je palpe chaque proéminence Pour suspendre un éternel silence Qui se perd au sein d’un battement.
Comme ouïr un fond de coquillage Pour surprendre la mer sur la plage, Une allusion sans décryptage, Qui vous saisit et prône ardemment.
Semblable à la formule magique Qui vainc un paradis chimérique, D’ailleurs, à ce jour, je me duplique Soit l’heure ou les faits, le bon moment.
Ces fruits du désir, je les recueille Au creux de la main, puis les effeuille, Les récolte, autant qu’un rêve en veuille, Capturé par cet enchantement.
Mon âme s'attise à cette ivresse, Quand, cet instant égaré s’empresse De chercher au cœur d’une caresse Abandonnée, un frémissement.
Alors, je prie et vous le confesse, Pour que ce bon augure renaisse, Et que l’écho sans fin ne me laisse Inerte à ce bel embrasement.
Espérance Au demeurant simple atome agité, Petit mouvement dans l’immensité, Mince seconde avant l’éternité, Je ne suis que l’écho qui me distance.
Lorsque mon âme image un jour de paix, C’est pour se quereller au grand jamais, Car nul ou rien, n’ose crever l’abcès D’un monde avide et repu de souffrance.
Et ma raison se dit pour m’effarer, « Vois, tu n’as que les yeux pour le pleurer, Cet univers, ne peut se réparer, Il se perd et se meurt et s’en balance ».
Devant ce casse-tête et tous ces maux, Me vient l’idée, au lieu de ces tombeaux, Comme le vieux Noé, sur des bateaux J’emporterai la joie et l’espérance.
Quand ? Quand une âme s’éteint dans son tombeau, Nul ne cherche à voir le teint de sa peau Ni de savoir quel était son drapeau, S’il était noir, jaune ou bien écarlate.
Quand une haine enflamme une couleur De rose posée à même le cœur, Entachant un corps sage à sa douleur, Rouge est la fleur et l’incendie éclate.
Quand d’un silence il meurt, un mot se rompt, Eparpillant le sang du moribond Qui s’égare la vie et ne répond Qu’à celui de sanglot ou de stigmate.
Quand viendra le grand soir, il fera jour Sur la plaine et la nuit perdra son tour, L’aurore au son du fifre et du tambour Suivra sans violence à cette date.
Ma seule raison
Le soir, un soleil me fait de l’ombre Dès qu’une flamme offre sa pénombre Au jour qui m’encombre Et fuit.
Me liant l’âme au cœur qui l’inonde, Sans perdre l’instant, ni la seconde D’un temps qui me sonde L’esprit.
Pour qu’avec raison mon oeil dévore Cette chair, quand s’attarde l’aurore Et qu’un ange dore Ma nuit.
Quant un drap de satin se découvre, Qu’une fine dentelle s’entrouvre Et que l’amour m’ouvre Son lit.
Médecin du monde
Pour guérir du mépris avec sagesse Un siècle étuvé,
J’éteindrai chaque nuit, pour que renaisse Une aurore et qu’un ciel nouveau caresse D’une pensée instruite et sans tristesse Ce monde éprouvé.
Pour guérir du mépris avec sagesse Un siècle étuvé,
Ferai de chaque instant meilleure image, Pour que la vie étonne, et d’avantage Encor, qu’elle ne s’éteigne avant l’âge D’espoir retrouvé.
Pour guérir d’une faim et sans chiffrage Un siècle étuvé,
Tairai les pleurs victimes du silence, Interdisant la peur sur ordonnance, Prélevant un fardeau sur leur balance, D’un fer enlevé.
Pour guérir d’un conflit à sa croyance Un siècle étuvé,
Je serai médecin d’âme déchue, Pour qu’elle aime à ne plus être déçue D’un long discours, que la paix soit reçue Sans tison couvé.
Pour guérir d’une misère cossue Un siècle étuvé. Femme Rien n’est mieux réfléchi, sinon un coeur de femme, Tendre est la passion et la femme est sa flamme, Autant elle nous prime en couvant son sésame, Affichant de concert un sentiment d’amour.
Féminitude accord, pour dire inestimable, Car toute singulière aucune n'est semblable, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] a sa douceur, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Eveillant un égard solide et sans détour.
Divine en vision devant son ventre sphère, Fière au fruit de sa chair et du penchant d’un père, Si parfois elle en souffre, un sourire s’affaire Pour se renouveler sans attendre un retour.
Elle [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] le monde en prenant une [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]era des jours remplis d'[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] son allégeance, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]ssant tout [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] à l’autre avec décence, Car si l’amour la pare, elle, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] l’amour. Les leçons du temps Certains jours, ma raison s’éteint, inassouvie De sa saison, de son envie, Comme un hiver glacé par mon ombre ravie, Me laissant seul, sans mes printemps.
Plus aucun mot ne sort, sauf ceux-ci, pour la rime, L’instant me surprend et s’arrime, Alors, rude est l’effort, si ma plume s’escrime, Les verbes sont trop irritants.
Je ne sais ni comment, ni pourquoi ! Le grand vide ? Non ! Mon âme serait acide ? Pas le moindre soupçon ! Juste un moment limpide, Le bourdon aux appels présents.
Comme ce soir, usé d’obscurité sans doute, A ne plus distinguer ma route Dès qu’un écho se perd et se meurt sous la voûte A chercher les leçons du temps. Peanuts Peanuts ! S’écria le vil damoiseau, Que dal, je réitère un tour d’étau Pour ne garder que l’onde au caniveau Et vous désaltérer d’une pressure.
Peanuts ! Jura le sinistre usurier A ses sinistrés, reste un bouclier Pour affronter le petit ouvrier Et resserrer les crans de sa ceinture !
Peanuts ! Grogna t-il fixant son abot, Faut que je règle un semblant de pipeau, Le peuple imitera le mendigot Pour satisfaire une faim d’encolure !
Peanuts ! Balança t-il d’un bananier, Nul problème avec votre créancier, Il vous épluchera jusqu’au dernier D’une échéance à blanchir ma facture. Honte Aujourd’hui, le ciel est entre nos mains, Prions, qu’il consente à nos lendemains, Rien n’est inscrit au bas des parchemins ! Combien coûte une aurore ?
Pas un sou, le matin, n’a pas de prix, Sauf celui que l’on donne à ses débris Qui nous servent de honte à son mépris, Combien je le déplore !
Cet univers, fourmillant d’aigrefins Pas toujours mûrs à jouer aux humains, Maladroits au devant des clandestins, Combien il déshonore !
Pourtant, rien ici ne nous appartient, Ce monde, c’est le leur, et c’est le mien, La terre est riche et l’homme ne vaut rien. Combien pour une aurore ? Action Je piétine et me perds, la cause invalidée Patauge à ma raison, de peine débordée Sur une résonance à me glacer l’idée, Me taraude l’esprit, rongeant le fil du temps.
Le regard affamé, prisonnier d’un ovaire, Celui qui ma vu naître, où mon âme, seule, erre Au beau milieu d’un siècle en visant son calvaire, Pour se nourrir d’un poids essaimé par les vents.
Le décor est obscur, comme un film d’après guerre Auquel on a coupé le son et la lumière Pour ne voir qu’un cliché privé de commentaire, Une vie égarée au creux des rugissants.
Puis l’action reprend, la lutte est adoucie, Sous un ciel renaissant s’agite une éclaircie Qui renverse mes vers sur trait de poésie Pour rejouer le sort sur les mots dominants. Vent d’automne Ô, demeurez, champs, bois, fleurs et pinsons, Etonnez, chantez encor vos frissons, Etincelez, couleurs de mes saisons, Qu’un ciel nouveau claironne !
Ô, brille astre du jour, ceint de tes rais Le bel azur, illumine mes crêts, Ranime l’onde et mon coeur de tes traits, Que mon regard s’étonne !
Eloignez-vous, pénombre et souvenirs, Déguerpissez, fantômes et soupirs, Fuyez mes yeux, que je goûte aux plaisirs Semés d’un vent d’automne.
Libérez-vous, amours, joie et dessein De mes printemps flétris par le chagrin, Mon âme est prête, érodant son airain Au glas qui me raisonne ! Onde à la dérive Si le temps m’est donné, j’inviterai le monde Pour lui faire écouter la source vagabonde Enrichir son torrent, une vague qui gronde Verser un soupir d’océan.
La vie est faite ainsi, quand un puits se dessèche, A quoi bon le sonder s’il épuise une laîche, Se fond, se meurt une ombre étalant sa bobèche Pour rôtir aux feux de satan.
Aurais-je encore assez de venin, de salive, Pour que s’écoule un cri ravivant d’une eau vive Un siècle trop tarit par l’onde à la dérive Qui lui chagrine le tympan.
Pour que de ma rivière, un murmure ne baigne Dans un flot de poussière obscur et ne se plaigne D’un tragique désert, mais, si ma crainte en saigne, Il s’abreuvera de mon sang. Phare éloquent Un cabanon de dune et sans l’ombre d’une âme, Seul le vent y respire au sommet d’une lame, Un regard me surprend, un éclat, une flamme Se reflète sur les carreaux.
Une étoile scintille au toit d’une mansarde, Où chantonne une ardoise au souffle qui s’attarde, Dissimulant avec peine une nuit fuyarde Qui pénètre les vieux rideaux.
Depuis cette fenêtre entrouverte et battante L’horizon s'assoupit sur sa vague cinglante Pour se brouiller l’ardeur d’une alarme chuintante Veillant l’aurore et ses joyaux.
Ma pupille se perd, tâtonne à l’aveuglette Vers l’océan obscur cet esprit qui me guette, Ne trouvant qu’un signal aux yeux d’une chouette, Qui garde au large nos bateaux. Diligence Sa vie est un convoi, jadis trop lent Au labeur transporté par un élan De voie à double sens, tel un gitan Sur les rails des chemins de son enfance.
Sa route enlaçait les files de fer, Libre de cheminer son train d’enfer D’un Paris égaré jusqu’à la mer Pour s’échouer d’une correspondance.
Puis, la vitesse expresse à son égard, Croisa sur son parcours un vrai regard Bien plus pressé, celui d’un vieux renard Qui se moquait du sort, de sa distance.
Car l’azur il pare en rimant les monts, Et de ses vers, il en fait des wagons, Alors, quand il voyage entre deux fronts, Dans son pays, c’est avec diligence. C’est écrit Le jour sourit et s’annonce paisible, Lit-elle sur l’azur au bleu crédible Interrogeant l’éther d’un oeil sensible, La paupière animée aux premiers rais.
Et je pressens déjà, qu’en sa présence Un soleil ravira notre existence, Que son cœur, deviendra ma préférence Aux saisons, aux regains toujours distraits.
Quel est ce ciel qui me trouble la vue ? Car à mon tour, je feuillette la nue Pour saisir en silence un monde en crue, Ouïr mon sein cogner vers ses souhaits.
Ô Dieu, comme elle est belle cette flamme Brûlante de raison, qui se réclame Avec ardeur, oui ! Transpercez moi l’âme, Afin quelle frémisse entre les dais. Mon vieux buvard ! Sur ma feuille s’étale avec sa peine un mot, Dégoulinant, baveur, comme fait l’escargot Laissant une traînée, un semblant de sanglot Sur une terre trop aride.
Mais, dès que je l’éponge avec mon vieux buvard, Le vil n’aspire plus, devenu trop souillard Pour recevoir un verbe et ne se sent soiffard, Au vent, l’écrit est trop fluide.
Cependant, je m’applique à ce je pense ou crois, En trait clair, malgré tout, je parle le François ! Je sens bien, dans mes vers, qu’un peu je le déçois Avec mon âme trop acide.
Le bougre que veut-il ? Fort sèche est la saison, Il faudra bien pourtant, se faire une raison ! Qu’en sera-t-il ? Durant la mauvaise moisson, Si l’encre devenait limpide ! Ame sensible s’abstenir Le siècle sera grand, libre est l’humanité ! Dès qu’un jour se refait, un autre est agité Quand son instant obscur étreint l’atrocité, Pour voir périr un corps paisible !
Chaque seconde, un être étouffe son flambeau Pour vomir son adieu, son regard d’un fléau, Oh, simple il est, faim, soif, ou lame d’un bourreau, Pour se pourrir d’un sort terrible !
Pour qu’une image inonde une couleur, la peur Qui se lit dans les yeux, plus profonde en douleur Que le mal lancinant qui soulève le cœur, Cette haine non putrescible !
Mais surtout, veillez bien le tombeau du voisin, Il se pourrait, qu’il soit le votre un beau matin, Lorsque votre œil bien clos, sentira le gourdin, Abstenez-vous âme sensible ! Reviens ma belle Je n’entends plus chanter ni palpiter les nids, Bientôt viendra l’envol des amants désunis, Va, sur l'abri du vent boire aux flots infinis, Adieu saison, adieu l’été, vole hirondelle.
Emporte sous ton aile un peu de mon pays, Essaime un embryon d’espoir aux cieux dénis, Qu’ils préservent encor nos esprits racornis, Adieu tourment, adieu combat, vole ma belle.
En croisant l’océan, dénonce les sanglots, Les peines et les peurs, verse les dans les flots Pour consoler au port l’âme des matelots, Adieu tempête, adieu chagrin, vole hirondelle.
Mais surtout rentre vite, ô, j’attends ton retour Ma douce, et cet hiver je choisirai ma cour, Et s’il le faut, mon cœur se fera troubadour, Reviens saison, reviens printemps, reviens ma belle. Système déposé Faisant de chaque jour un long poème, Je vous composerai le bon système Qui vous dira, « Ma Dame, je vous aime ». Vous le murmurant aux creux de mes vers.
Qu’importe sa façon, pourvu que rime A jamais passion au trait qu’il mime, A la saison passée, au verbe intime Qui vous chauffe le coeur les grands hivers.
Et si du sort, une nuit dégringole Sur mon dernier soupir, il sait son rôle, Pour qu’un quatrain s’enflamme et vous console, Et que nos souvenirs restent ouverts.
Quand une larme arrosera ma tombe Ma Dame, je saurai que ne succombe Mon poétique élan pour ma colombe, Déposé dans les bras de l’univers.
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