Khris Anthelme Apécien
Nombre de messages : 7546 Age : 71 Date d'inscription : 06/12/2009
| Sujet: " Odes " Lun 5 Avr 2010 - 22:26 | |
| Amour
Jamais ne peut s’enfuir le cœur, Si l’âme s’en défend, le chasse, Car aimer garde un sens, son heur. Même un vilain gueux ne s’en lasse, Ô ! Le sentiment fait périr Agitant son cruel désir ! Mais vois l’aurore sur le monde Comme est pâle notre univers, Comment ne pas écrire en vers La terre ou l’océan qui gronde !
Tandis qu’une flamme se meurt En s’égosillant d’une rime Pour dénoncer ce mauvais heurt, Ou l’horreur déversant son crime. Pour hurler qu’il est le ressort, Jurant que c’est lui le plus fort. Bien avant ton tout dernier râle Aime et tu seras vénéré, Car il ne peut être enterré Même s’il n’est qu’une cabale.
Un nuage enfle à l’horizon Et l’orage au front te burine Les ans sans nulle autre raison, Et ton triste élan me chagrine, Rien ne sert de geindre ou pleurer Tout ton flot à le déchirer, La poésie est son refuge, Immortel respect de l’esprit, Par sa ferveur ou son défit Elle reste l’unique juge.
Pour qui ne l’a pas arboré Sûr que la vie est disparate ! Comme un souvenir restauré Où ne demeure qu’un stigmate, Car parfois il est si petit, Qu’il faut trouver son appétit, Car lui, ne brigue qu’à reluire Par le feu d’une passion, Qu’avec art et dévotion Seul un poète sait traduire.
Le champ du coquelicot
Créé pour orner, tel un médaillon Au revers d’un veston, de frêle allure Se courbant sous l’aile du papillon Qui lui fait ouïr son secret murmure, Ancré sur son pétale cramoisi Pour s’endormir au point qu’il a choisi. Il ondule au moindre souffle de bise, Finement, pour embellir les blés d’or Qui s’agitent friands de son décor En se caressant à sa teinte émise.
Sachez ! Qu’il se console au doux concert De la belle saison riche et mature, Pour taire le mauvais rang qu’on lui sert, Celui même instruit par dame nature, « Mimer le pire des drames des champs » ! En mémoire des refrains indécents Qui hantent toujours la plaine endormie, Afin d’éponger un torrent de sang Et s’acquitter d’un trouble en s’irisant D’un flot amer versé pour la patrie.
Sachez ! Que sous chaque coquelicot Dort une âme chut dans une misère Appelée aujourd’hui le sale écot, Pour vous travestir « les meurtres de guerre », Voyez ! Sont jolis ces rouges lopins, Pensez ! Ô Combien par tous ces chemins Ce breuvage pourpre anime sa sève ? Mais il songe, à devenir un bleuet, Quitte à se trouver un peu moins coquet, Pour enseigner la paix et qu’il en crève.
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